Une ville US versera une aide financière à des familles pauvres de couleur mais pas aux blanches

One dollar
La ville américaine d’Oakland offrira une aide de 500 dollars à des familles pauvres noires, latino-américaines ou autochtones. Selon la maire, ces populations sont les plus touchées par la précarité. Alors que des opposants à cette initiative la qualifient de non constitutionnelle, la ville s’explique.
Sputnik

Pour soutenir les personnes les plus touchées par les inégalités systémiques et la crise sanitaire, les autorités de la ville californienne d’Oakland ont annoncé une aide mensuelle de 500 dollars (424 euros) à 600 familles locales à faible revenu.

Le montant sera versé pendant au moins 18 mois et peut être utilisé comme le souhaitent les familles.

«La pauvreté dont nous sommes tous témoins aujourd'hui n'est pas un échec personnel, mais un échec systémique. Le revenu garanti est l’un des outils les plus prometteurs que nous ayons observés à travers les décennies, pour promouvoir des changements systémiques, pour favoriser l’équité raciale et la mobilité économique», a déclaré Libby Schaaf, la maire d'Oakland, ville de 430.000 habitants.

Les modalités

Selon le communiqué de la mairie, l’aide sera versée aux Noirs, autochtones et personnes de couleur (BIPOC en anglais, un sigle pour Black, Indigenous, and People of Color) ayant au moins un enfant mineur, et cela sans vérifier leurs éventuels problèmes de régularisation. 600 familles devraient en bénéficier. Les bénéficiaires seront choisis au hasard après avoir rempli des formulaires, précise le communiqué. Ils recevront les paiements en espèces.

Pour remplir les critères d’aide, le revenu annuel du demandeur ne doit pas dépasser 59.000 dollars pour une famille de trois personnes (50.000 euros), soit deux fois moins que le revenu moyen local.

Les disparités

Les Noirs, autochtones et personnes de couleur sont les plus touchés par les disparités et sont les plus pauvres, d’après l’indicateur économique local Oakland Equity Index. Selon ses données, publiées en 2018, les ménages blancs gagnent environ trois fois plus que les ménages afro-américains. Toujours selon ce rapport, le revenu médian des ménages pour les familles blanches était de 110.000 dollars (93.000 euros), pour les Asiatiques - de 76.000 dollars (64.500 euros), les Latino-Américains - de 65.000 dollars (55.000 euros) et les Noirs - 37.500 dollars (32.000 euros environ).

«En se concentrant sur les BIPOC, le programme […] fournira un soutien financier essentiel aux personnes les plus durement touchées par les inégalités systémiques, y compris les conséquences disproportionnées de la pandémie», note l’administration.

«Non constitutionnel»?

L’initiative, d’ailleurs financée par des donations privées, a suscité de vives critiques de ceux qui considèrent que le projet discrimine les personnes pauvres blanches.

​Ainsi, l’avocate américaine et membre du Parti républicain Harmeet Dhillon a qualifié le choix des bénéficiaires de cette aide de «non constitutionnel». Selon elle, la ville «exclut des familles pauvres blanches du versement de l’aide».

Initiative privée

Ce programme, faisant allusion à l’allocation universelle de l’Utopie de Thomas More, est piloté par l’association The Oakland Resilient Families qui a levé 6,75 millions de dollars (5,73 millions d’euros) de donations privées.

De plus, ce projet émane de l’organisation Mayors for a Guaranteed Income (MGI), une coalition de maires de 30 villes américaines créée à l’été 2020 pour fournir un revenu garanti pour les familles dans la précarité. Le donateur principal de la coalition est le fondateur de Twitter Jack Dorsey. Au total, il a fait don de 18 millions de dollars en juillet et décembre 2020.

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