La note ministérielle confidentielle incriminant l'UNEF dévoilée par Europe 1

Rebondissement dans l’affaire de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). Après que Jean-Michel Blanquer a estimé que ses réunions «non mixtes» pouvaient mener à «des choses qui ressemblent au fascisme», Europe 1 a dévoilé ce mercredi la note ministérielle confidentielle incriminant cette organisation.
Sputnik

Ce mercredi 24 mars, Europe 1 a révélé une note confidentielle demandée par l'Élysée sur l'état de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF). Ce syndicat y est décrit comme une institution «qui ne correspond pas toujours aux valeurs républicaines qu’il dit défendre» et qui est «coupée de sa base».

L’UNEF s’est retrouvée sous les projecteurs après que sa présidente, Mélanie Luce, a admis l’organisation de réunions «non mixtes» pour «permettre aux personnes touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu'elles subissent», au même titre, selon elle, que sont organisés des groupes de parole réservés aux femmes victimes de discriminations. Mme Luce avait précisé qu'aucune décision n'était prise lors de ces réunions.

Perte de vitesse depuis une dizaine d’années

La note confidentielle datée de lundi dernier, qu’Europe 1 a pu consulter, est composée de sept pages. Elle décrit le syndicat comme étant en perte de vitesse depuis une dizaine d’années.

Selon le document, l'UNEF «s’est éloignée de la contestation des réformes gouvernementales pour embrasser des sujets sociétaux […] tels que la lutte contre les discriminations». Comme les auteurs le soulignent, cette lutte l’a rapprochée du syndicat des Étudiants musulmans de France, un mouvement considéré comme radical.

Les propos sur les réunions interdites aux Blancs font réagir

La déclaration de Mélanie Luce sur les réunions «non mixtes» avait provoqué de multiples réactions. Ainsi, Jean-Michel Blanquer avait jugé que de telles rencontres pouvaient mener à «des choses qui ressemblent au fascisme», tout en évoquant d'éventuelles «évolutions législatives» afin de les rendre illégales. Il avait également trouvé «inacceptable» de distinguer les gens par la couleur de leur peau.

«Les gens qui se prétendent progressistes et qui […] distinguent les gens en fonction de leur peau, nous mènent vers des choses qui ressemblent au fascisme, c'est extrêmement grave», avait dit le ministre.

Christophe Castaner, le chef des députés LREM, avait quant à lui fustigé le «clientélisme indigéniste» du syndicat étudiant, dont plusieurs élus de droite ont demandé la dissolution.

Au micro de Sputnik, Julien Aubert, député LR du Vaucluse, avait évoqué un cas typique de «racisme antiblanc». Il avait en outre saisi le 18 mars le procureur de la République pour signaler une «potentielle infraction au Code pénal». Avec une dizaine de parlementaires de son parti, l’élu estimait que l’UNEF s’était livrée à de la «discrimination raciale».

Début mars, le syndicat avait déjà été critiqué à droite après des accusations d'islamophobie contre deux professeurs de Sciences-Po Grenoble.

«Outrance injurieuse des termes employés»

Dans une tribune publiée le 22 mars, 250 anciens dirigeants de l'UNEF, dont Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon, avaient condamné «l'outrance injurieuse des termes employés» par Jean-Michel Blanquer:

«Nous ne pouvons accepter que des députés proposent la dissolution de cette organisation. Nous ne pouvons encore moins admettre l’idée que l’UNEF soit renvoyée dos à dos avec un groupuscule d’extrême droite, condamné pour incitation à la haine raciale. Nous ne pouvons tolérer les propos d’un ministre qui banalisent le fascisme et participent ainsi à la confusion idéologique ambiante».
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