Anticor soupçonne l’État d’avoir géré l’appli StopCovid à 6,5 millions d'euros sans appel d’offres

Dans une plainte déposée par Anticor pour la gestion de l’application StopCovid dont l’utilité est discutée, le gouvernement est soupçonné de «favoritisme». Il aurait en effet attribué les contrats de sa gestion à des entreprises sans appel d’offres comme le veut la loi. Selon Anticor, son coût global atteindrait en effet les 6,5 millions d’euros.
Sputnik

Une plainte a été portée par l’association Anticor au sujet de l’application gouvernementale StopCovid, qui n’a pas eu le succès escompté avant d’être rebaptisée TousAntiCovid, et dont les contrats ont été attribués à des entreprises sans qu’elles passent par un appel d’offres.

Selon les règles de la commande publique, le gouvernement est obligé de passer par un appel d’offres «à partir de 139.000 euros pour les marchés de fournitures et de services», rappelle Anticor. Ce alors que le coût global de cette application censée tracer les contacts avec des personnes contaminées a été estimé à 6,5 millions d’euros.

En avril 2020, son développement a été présenté comme gratuit par plusieurs entreprises privées dont Dassault Systèmes, Capgemini, Orange ou Withings. Cependant, son exploitation a été ensuite révélée comme payante, selon une enquête de L’Obs publiée en juin et dont les éléments ont été détaillés par Cédric O, secrétaire d’État en charge de la Transition numérique et des communications électroniques.  

Rendu public fin novembre, le bilan financier de l’application a dévoilé des charges supplémentaires.

Parmi tous les objets de dépenses on note des frais d’hébergement annuel (576.000 euros TTC), de support utilisateur (720.000 euros TTC par an), d’animation du déploiement (432.000€ TTC par an), divers types de maintenance, des licences, ainsi que la campagne de communication (2.793.000€ TTC par an).

«L’absence d’appel d’offres dans les cas où il est obligatoire, est susceptible de constituer l’infraction pénale de favoritisme», lance Anticor.

La plainte a été portée devant la Cour de Justice de la République.

Son utilité discutable

La première version du logiciel n’a été téléchargée que par environ 2,7 millions de personnes entre juin et octobre, soit à peine 4% de la population, alors que 62% des Français s’étaient dits prêts à l’utiliser. Il a été mis à jour avec le nom TousAntiCovid. Entre octobre et mars, la vitesse de téléchargement a augmenté. Pour l’heure, elle recense plus de 13,5 millions de téléchargements.

Selon un tweet de Cédric O du 10 mars, plus de 100.000 personnes ont été notifiées d’un contact avec un malade du Covid-19. Elles «ont pu s’isoler, se faire tester et éviter des contaminations», a-t-il précisé.

Alors qu’environ 175.000 cas ont été déclarés dans l’application sur un total de 13,5 millions de téléchargement, soit un cinquième de la population française, ce chiffre ne représente que près de 4% de l’ensemble des contaminés recensés à ce jour.

À titre de comparaison, l’application similaire britannique, HS Covid-19 App, a permis d’éviter 600.000 contaminations depuis sa sortie jusqu’à la fin décembre, selon les estimations de chercheurs de l'Institut Alan Turing et de l'université d'Oxford. Près de 1,7 million de notifications ont été envoyés à plus de 21 millions d'utilisateurs.

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