Anne Hidalgo dénonce «la méthode choisie par le Président» pour gérer l’épidémie

Tout en pointant «un problème de méthode» et un manque de transparence dans la gestion de la crise sanitaire en France, Anne Hidalgo a regretté ne pas avoir eu «les éléments» qu’avait Emmanuel Macron lorsque les récentes mesures ont été introduites.
Sputnik

Invitée ce 21 mars du Grand Rendez-Vous d’Europe 1, Anne Hidalgo a été interrogée concernant les mesures de freinage de l’épidémie annoncées jeudi par le gouvernement. La maire de Paris a regretté ne pas avoir eu «les éléments qu’avait alors [le Président]» et «que ces éléments-là n’aient pas été partagés et débattus».

«Je pense que ce n’est pas bon qu’un homme seul décide seul de choses aussi importantes qui impactent toutes nos vies. Il faut partager l’information et la décision».

La maire de la capitale a également envoyé une pique à l’encontre du Conseil scientifique.

«Vous en savez quelque chose des avis du Conseil scientifique? Ils ne sont même plus publiés ou longtemps après. On ne sait pas. Je pense franchement qu’il y a un problème de méthode», a soutenu Mme Hidalgo.

Du point de vue du partage de l’information dans la gestion de la crise sanitaire, cette «méthode choisie par le Conseil de défense et le Président de la République […] n’est pas la bonne», a insisté Mme Hidalgo.

«Ce qui a manqué, c’est l’explication sur pourquoi fin janvier-début février, alors que beaucoup de pays européens décident de reconfiner, en France, la décision n’est pas celle-là. Il fallait qu’on connaisse les éléments qui étaient entre les mains du Président de la République», a-t-elle par ailleurs estimé.

Annonces du gouvernement connues à la dernière minute

Quant aux annonces faites le 18 mars par Jean Castex, Anne Hidalgo a confié qu’elle n’en avait été mise au courant que tard dans la journée:

«J’ai eu un premier appel, après tout le monde sans doute, à 18h15 [jeudi soir], du préfet de police me disant que lui-même n’en savait pas plus que moi, et à 21h de Jean Castex que je remercie de m’avoir appelé pour me dire quel était l’état de leurs réflexions.»

La maire de Paris a également affirmé que la présidente du Conseil régional d'Île-de-France s’était retrouvée dans la même situation, toutes deux ayant été laissées dans l’attente de ce qui allait être dit.

«Ce n’est pas tout à fait normal», a jugé Anne Hidalgo. «Évidemment, s’il y a des décisions importantes, il faut que je sois en capacité avec mes équipes, mes services, mes adjoints, les maires des arrondissements.»

«Infantilisation» versus «responsabilisation»

La capitale française fait partie des 16 départements où, depuis le 20 mars, les «mesures renforcées» sont appliquées. Les habitants ne doivent donc pas sortir d’un rayon de 10 kilomètres de leur domicile sans une attestation spéciale, les déplacements inter-régions ne sont autorisés qu’avec des motifs impérieux. Alors que les autorités refusent de parler de confinement, le Premier ministre a employé ce mot une fois pendant son discours le 18 mars, lequel a été largement repris par les médias.

Or, les parcs et les jardins restant ouverts et les activités sportives dehors n’étant pas limitées, les autorités ont souhaité insisté sur l’idée que la contamination se produit plus à l’intérieur qu’à l’extérieur. Une mesure saluée par la maire de Paris:

«Dire qu’il vaut mieux être dehors plutôt qu’à l’intérieur est une bonne chose», a-t-elle déclaré.

Anne Hidalgo croit en outre que la population avait été beaucoup «infantilisée» depuis le début de la pandémie:

«Par ailleurs, dans la stratégie qui consiste à dire à nos concitoyens "vous pouvez sortir, mais attention, quand vous êtes à l’intérieur, ne faites pas de regroupements familiaux ou amicaux parce que c’est là qu’il y aura des contaminations", on mise sur la responsabilisation et non pas l'infantilisation.»

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