Lundi 15 mars, le journal russe Novaïa Gazeta a affirmé qu’une substance chimique avait été déversée contre ses locaux à Moscou. Le porte-parole de la présidence Dmitri Peskov a fait savoir que cet événement ne nécessitait pas d’instruction spéciale, mais a exprimé sa volonté de voir une «enquête appropriée».
«Nous avons évidemment remarqué cet incident. Il n'y a pas besoin d'instructions de l'administration ici. Nous savons de la rédaction elle-même qu'ils sont en contact avec le bureau du procureur général, avec les forces de l'ordre, qu'ils ont déposé une plainte. Nous espérons qu'une enquête appropriée sera menée», a-t-il déclaré ce mercredi aux journalistes.
Le ministère des Situations d’urgence, celui de l’Intérieur et le FSB ont mobilisé des équipes, a précisé Novaïa Gazeta le jour des faits. La substance en question est actuellement analysée et n’a pas encore été identifiée. Elle n’a pas fait de victimes.
Un coursier recherché
Une vidéo est apparue dans la foulée sur les réseaux sociaux, relayée sur Twitter par le journal. Un coursier peut y être aperçu devant l’entrée de la rédaction en train de lancer une substance gazeuse depuis son vélo.
Ces faits dateraient du dimanche 14 mars, selon Novaïa Gazeta. Cet individu est donc recherché, a confirmé mardi 16 mars une source policière aux médias russes.
Reportage sur la Tchétchénie
Le jour même, Novaïa Gazeta avait publié la deuxième partie d’une enquête sur des exécutions illégales de Tchétchènes en 2017. La première partie avait été publiée le 15 février 2021. En février 2020, la journaliste Elena Milashina, à l’origine de l’investigation, avait indiqué avoir reçu des menaces publiques répétées de la part du leader tchétchène Ramzan Kadyrov.
Ce mercredi, un assistant de M. Kadyrov, Akhmed Doudaïev, a sévèrement critiqué sur Instagram l’article de Novaïa Gazeta de lundi, le qualifiant de «Fake news» et de «nouvelle provocation» qui a suscité une «colère populaire justifiée». Il a demandé la fermeture de ce média «ennemi».
Dans un éditorial publié mardi, la rédaction de Novaïa Gazeta assure que cette attaque était dirigée contre elle en raison des publications sur la Tchétchénie, rappelant avoir été menacée à plusieurs reprises par le passé, notamment en 2018 où une couronne funéraire et une tête de bélier coupée lui avait été envoyée, ainsi qu’une enveloppe contenant de la poudre blanche un an plus tôt.