Islamophobie ou chasse au blasphème? Un collectif prend la défense de Mila

Plus d’un an après le début de l’affaire Mila, l’adolescente a subi une nouvelle vague de harcèlements. Un collectif prend sa défense, voyant une chasse aux blasphémateurs derrière les reproches d’islamophobie qui lui sont adressés.
Sputnik

L’adolescente Mila a été confrontée à de nouvelles injures et menaces sur Internet, doublées de la suspension temporaire de son compte par Twitter. Face à ce nouveau harcèlement dont elle fait l’objet, l’association laïque et humaniste Dernier espoir a publié une tribune dans Marianne.

Le texte revient notamment sur les accusations d’islamophobie formulées à l’encontre de la lycéenne, qui avait déclaré en janvier 2020: «Le Coran il n’y a que de la haine là-dedans, l’islam c’est de la merde».

Pour le collectif, cette notion d’islamophobie ne sert qu’à masquer la «pseudo-loi» des harceleurs, qui souhaitent en réalité rétablir le «délit de blasphème». L’association rappelle que la loi française peut seule fixer des limites à la liberté d’expression.

«Que cela plaise ou non à ses détracteurs, la pseudo-loi qu’ils tentent d’imposer ne vaut rien aux yeux de nos valeurs républicaines. La soi-disant islamophobie dont elle est accusée n’est rien d’autre en réalité qu’une accusation de blasphème», écrivent les signataires de la tribune.

Une position proche de celle d’Emmanuel Macron, qui avait lui aussi défendu le «droit au blasphème, à critiquer, à caricaturer les religions», dans un entretien au Dauphiné libéré, au sortir de l’affaire Mila.

L’islam doit se soumettre à la République

Dernier espoir dénonce encore un certain «islam politique», rétif à la loi républicaine et à la critique. Le collectif rappelle que la France est un pays laïc et que les religions n’y sont «que des idées parmi d’autres», susceptibles d’être discutées voire moquées.

«Il faut que l’islam politique, comme toutes les autres religions, accepte cette place et se soumette enfin à la critique de la République. Aucun : "oui mais" ne peut aller au-delà de cette loi. Mila critique une idée, là où ses harceleurs s’en prennent à l’intégrité de sa personne, voilà où se trouve le problème», est-il écrit dans la tribune.

En septembre, un sondage de l’Ifop pour Charlie Hebdo avait d’ailleurs mis à mal cette idée d’une prévalence de la République sur l’islam. Il révélait en effet que 74% des Français de moins de 25 ans faisait passer leurs convictions religieuses avant les valeurs républicaines.

Responsabilités des réseaux sociaux

Le collectif met enfin l’accent sur le volet technologique et soulève la question du signalement sur les réseaux sociaux. Après la suspension du compte de la lycéenne par Twitter, plusieurs voix s’étaient pareillement élevées pour demander à la plateforme américaine des éclaircissements sur ses méthodes de modération. Marlène Schiappa et Cédric O, secrétaire d'État chargé du Numérique, s’étaient notamment exprimé en ce sens.

Dernier espoir s’interroge encore sur les suites judiciaires données à ces cas de harcèlements et s’étonne que les auteurs ne soient pas jugés alors que le cyberharcèlement est reconnu comme un délit.

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