«La crise sanitaire a démultiplié les problématiques, aggravant à la fois la précarité financière mais aussi le décrochage et la détresse psychologique des jeunes.»
Dans un communiqué commun, les syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires sont inquiets. «Pour les étudiants, les lycéens, les jeunes travailleurs, les privées d’emploi, la situation est alarmante et gravissime», poursuivent-ils.
De nombreuses organisations politiques (Jeunes Écologistes, Jeunes Insoumis, Jeunes Socialistes…) et des syndicats étudiants (Unef, Solidaires étudiant-e-s…) ont appelé à manifester contre la précarité ce mardi 16 mars partout en France. À Paris, ce sont près de deux cents personnes qui se sont rassemblées devant le ministère du Travail avant de rejoindre le ministère de l’Enseignement supérieur. Deux institutions au cœur des problèmes endurés par cette génération.
Selon l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE), 58% des jeunes qui occupaient un emploi en parallèle avec leurs études ont vu leur activité baisser. Cela représentant une perte moyenne de 274 euros par mois. Pis encore, 36% ont tout simplement perdu leur travail lors du premier confinement. Or, avant la crise du Covid-19, sur les 2,7 millions d’étudiants en France, 20% vivaient déjà en dessous du seuil de pauvreté, soit avec moins de 987 euros par mois.
«On est vraiment oubliés dans cette crise sanitaire. Cela s’ajoute à tous les problèmes que l’on pouvait déjà rencontrer. Ce n’est plus possible», regrette Anaëlle, étudiante présente à la manifestation.
Le député LFI Adrien Quatennens délivre un verdict sans appel: «La jeunesse de notre pays paie un très lourd tribut dans cette crise sanitaire et ses conséquences.»
Un état de fait incompréhensible pour lui, sachant que «la richesse s’accroît entre quelques mains et se partage très mal». Il en veut pour preuve l’étude Oxfam, publiée en février dernier, qui dévoilait que, entre mars et décembre 2020, les milliardaires français «ont engrangé 175 milliards de plus», soit la plus-value des actions en leur possession. «Cela représente deux fois le budget annuel de l’hôpital public», rappelle l’élu mélenchoniste.
«En France, la sixième puissance économique mondiale, la jeunesse perd ses emplois et beaucoup font la queue chaque soir devant les banques alimentaires. Donc, il faut organiser les conditions d’un meilleur partage des richesses et éradiquer cette précarité», plaide le parlementaire au micro de Sputnik.
Sur les réseaux sociaux, en effet, les vidéos montrant les longues files d’attente estudiantines se sont multipliées, soulevant une vague d’indignation.
Des mesures envers les jeunes jugées insuffisantes
Des mécanismes qui ne vont pas assez loin pour les syndicats. Ils réclament notamment un plan d'urgence de 1,5 milliard d'euros, avec une augmentation immédiate des bourses et des APL (aides au logement). Mais également l’extension du RSA aux jeunes de moins de 25 ans.
Fin des cours à distance
Si la précarité financière pèse sur le moral des étudiants, l’isolement aussi.
Dans une interview donnée à Sputnik, Noémie Moret, porte-parole de Solidaires étudiant-e-s (fédération de syndicats étudiants) indiquait que presque la moitié d’entre eux affirme être dans un état d’anxiété accrue. Ils sont entre 30 et 40% à souffrir d’une détresse psychologique exacerbée par la crise sanitaire. Les syndicats souhaitent donc un retour des cours en présentiel.
«Avec les cours en ligne, c’est compliqué d’arriver à suivre, d’arriver à se raccrocher à quelque chose. Ça fait longtemps qu’on ne se voit pas sur les campus, on est face à nous-mêmes dans des années compliquées», déplore Anaëlle.
«Après un an de crise sanitaire, il faut créer les conditions à la fois pour lutter contre l’épidémie et pour permettre que la vie reprenne. Notamment les cours en présentiel avec le protocole sanitaire», plaide Adrien Quatennens.
Emmanuel Macron a beau s’évertuer à conserver un lien avec les jeunes en investissant les réseaux sociaux ou en faisant appel aux youtubeurs McFly & Carlito, la question de leur précarité s’avère donc cruciale.