Plus de 150 migrants sont logés légalement dans des squats à Rennes grâce à l’association «Un toit c’est un droit» (Utud), informe Libération lundi 15 mars. Des bâtiments en attente de destruction sont réquisitionnés le temps de quelques mois pour héberger ces personnes à qui a été refusé le droit d’asile.
«La communication est un peu compliquée à cause de la langue, mais on s’entend très bien», commente auprès du quotidien un quadragénaire ivoirien logé par l’association.
Débouté de sa demande d’asile et de séjour, il vit depuis un an dans une maison prêtée par la région Bretagne qu’il partage avec onze autres personnes. «Avoir un endroit où dormir est une grâce», ajoute-t-il.
Une quinzaine de bâtiments sont gérés par Utud, mais d’autres associations s’occupent également des squats supplémentaires, précise Libération. Les bénévoles aident les occupants dans leurs démarches administratives.
«C’est une des méthodes qu’on a inventées face à cette vague de personnes sans statut: comme il n’y a quasiment plus de régularisations, la période où les gens sont dans une grande précarité s’allonge. Le logement est leur gros problème», a expliqué la présidente de l’association Armelle Bounya.
Occupation temporaire
Ce dispositif trouve son origine en 2016, lorsqu’Utud avait investi une maison de retraite abandonnée en attente de démolition. 200 migrants y avaient été logés, bénéficiant d’un sursis de plusieurs mois pour évacuer les lieux. Soutenue par la mairie socialiste, l’association avait signé avec le promoteur une convention d’occupation temporaire des lieux.
«On s’est battus bec et ongles pour respecter à la lettre notre engagement de quitter les lieux le 17 juillet 2017, en réussissant à reloger tout le monde», se rappelle Mme Bounya.
Avec l’intervention de la Fondation Abbé-Pierre, d’autres promoteurs immobiliers ont signé des commodats, lesquels précisent le nombre de personnes hébergées, la durée d’occupation et la date de remise des clés.
Un système gagnant-gagnant, comme l’explique à Libération Stéphane Martin, directeur de l’agence bretonne de la Fondation Abbé-Pierre. «Leur plus grande crainte, c’est les squats: ça engendre des frais de justice et des délais. Avec le commodat, ils économisent les coûts de gardiennage, de vidéosurveillance et ils savent quand ils pourront récupérer leur bien».
Contactée par Sputnik, l’association n’a pas encore répondu à nos sollicitations.