«Trop d’élus ne portent pas plainte, car ils ont peur», estime le maire de Bron menacé de décapitation

Placé sous protection policière, Jérémie Bréaud, le maire de Bron, près de Lyon, déplore la hausse du nombre de menaces et d’agressions visant les élus, dans une interview à Marianne. Il explique la montée des violences urbaines dans sa ville par une hostilité des trafiquants à sa politique sécuritaire stricte.
Sputnik

Jérémie Bréaud, maire Les Républicains de Bron, menacé de décapitation à plusieurs reprises et placé récemment sous protection policière, revient dans une interview à Marianne sur le climat de tensions et de violences urbaines dans sa ville.

«Chaque fois que l’on fait une action de terrain pour contrer le trafic de drogue, on se prend des représailles en pleine face. C'est le prix à payer mais nous n'abandonnerons pas», explique-t-il.

Violences urbaines

Samedi 6 mars, l’agglomération lyonnaise a été frappée par des violences urbaines opposant des groupes de jeunes à des policiers. Les forces de l'ordre ont interpellé cinq personnes et un fourgon de police a été dégradé. Les faits ont eu lieu vers 18 heures dans le quartier de Parilly.

Selon M.Bréaud, derrière ces violences se trouve «une vingtaine d’individus, essentiellement des collégiens, qui mettent le feu à des voitures entre 18 et 20 heures».

Son véhicule vandalisé

Plus tôt, le 24 février, en déplacement dans le quartier de Parilly pour une réunion de travail, le maire et son équipe avaient reçu un flot d’insultes, des menaces physiques et des jets de projectiles. La voiture de M.Bréaud a été vandalisée. Menacé de mort à plusieurs reprises, le maire de Bron a été placé le 2 mars sous protection policière.

Élus menacés

Le maire de Bron fait état d’une augmentation du nombre d’élus menacés. D’après ses informations, en 2020, il y a eu environ 300 dépôts de plainte d'élus victimes d'agressions.

«Il est probable que ce chiffre soit une sous-évaluation de la réalité: trop d'élus ne portent pas plainte car ils ont peur des représailles ou de salir l'image de leur territoire», note-t-il.

Selon l'Association des maires de France (AMF), 233 maires ont été agressés en France de janvier à juillet 2020, contre 198 l'année précédente à la même époque.

Lutte contre les trafics

Malgré les débordements, M.Bréaud reste ferme sur sa politique sécuritaire. «Nous avons décidé de ne plus reculer sur les trafics et les voyous qui minent certaines parties du territoire», martèle-t-il.

«Notre politique de sécurité gêne une extrême minorité d’individus habituée à agir en toute impunité et à pourrir la vie de la majorité silencieuse», explique l’élu de cette ville de 42.000 habitants, où 50% de la population habitent dans deux quartiers prioritaires.

«Les principales victimes de trafics, ce ne sont pas les personnes habitant dans de belles maisons avec piscines, mais les personnes fragiles de ces quartiers. La voiture qui brûle n’est pas celle du chef d’entreprise, mais celle des gens qui ont du mal à finir leur fin de mois», rappelle le maire.
Inefficacité judiciaire

L’élu déplore une certaine inefficacité judiciaire: «on a beau interpeller, les auteurs de violences urbaines ressortent de garde à vue dès le lendemain ou sont condamnés à des peines légères».

Depuis juin 2020 – date de son élection en tant que maire – les effectifs de police ont été augmentés de 70%, de cette manière les policiers patrouillent la ville de 6 heures à 4 heures du matin. De plus, le nombre de caméras a été doublé, la ville a choisi d'armer la police municipale.

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