«On est dans l'incompréhension totale», témoigne dans Le Parisien Christine Cadart, directrice du lycée Cognacq-Jay à Argenteuil où étaient scolarisés Alisha, l’adolescente de 14 ans retrouvée morte noyée lundi, et les deux élèves de 15 ans soupçonnés de l’avoir frappée et poussée dans la Seine.
Selon elle, l’affaire trouve son origine le 5 février, lorsque des photos dénudées d’Alisha ont été volées de son compte Snapchat et diffusées à d’autres élèves de sa classe. Le jeune garçon qui en est l’auteur a temporairement été exclu dans la foulée. Sa petite amie a ensuite pris la relève en diffusant d’autres photos. Les deux élèves devaient passer en conseil de discipline mardi 9 mars, indique-t-elle.
Accompagnement
La victime et sa famille ont été reçues plusieurs fois par la direction, laquelle leur avait même conseillé d’aller porter plainte. «Alisha était très accompagnée par l'équipe enseignante dont elle était très proche car on sait que ce type diffusion affecte», précise Christine Cadart. Malgré que les faits de harcèlement étaient connus, l’établissement a été surpris par la tournure qu’ont pris les événements.
«Nous n'avions eu aucun d'écho d'autre incident et nous espérions que cela s'était calmé. Rien ne nous laissait penser que les choses pouvaient dégénérer à ce point. Nous pensons avoir fait tout ce qui était en notre pouvoir», estime la directrice.
«Véritable fléau»
Elle assure que ses élèves sont sensibilisés aux dangers des réseaux sociaux, au respect et au droit à l’image. «Malheureusement, on se sent malgré tout démunis face à cela», regrette-t-elle, dénonçant «un véritable fléau» avec «des phénomènes jour et nuit qui ne s'arrêtent pas». Si les cours ont repris ce jeudi pour l’ensemble des élèves, ceux-ci ont la possibilité de se rendre à une cellule d’écoute, ajoute-t-elle.
Après une brève fuite, les deux adolescents ont été interpellés mardi à Paris et placés en garde à vue. Ils ont été présentés à un juge le lendemain pour l’ouverture d’une information judiciaire pour assassinat. En raison de leur minorité, ils risquent jusqu’à 20 ans de prison.