«La liberté d'expression n'existe plus à Sciences Po»: accusé d’islamophobie, ce professeur de Grenoble se défend

L’un des deux professeurs, dont les noms ont été récemment affichés sur les murs de Sciences Po Grenoble avec les mots les accusant d’«islamophobie», a dénoncé au micro de France Bleu une ambiance «irrespirable» et «délétère» au sein de l’établissement quand il s’agit de liberté d’expression.
Sputnik

«Il est vrai que cette année tout est changé et est devenu vraiment irrespirable», c’est ainsi que cet enseignant de civilisation et de langue allemandes depuis 25 ans à Sciences Po Grenoble a réagi sur les ondes de France Bleu à un collage affiché sur les murs de l’établissement jeudi 4 mars. Il s’agissait notamment d’inscriptions qui l’accusaient lui et son collègue d’«islamophobie» et les présentaient comme des «fascistes».

L’homme a expliqué que tout a commencé après qu’il s’est inscrit dans un groupe de travail pour préparer avec d’autres enseignants la semaine de l'Égalité et contre les discriminations. En particulier, il s’agissait d’une préparation d’une journée thématique au titre «racisme, islamophobie et antisémitisme». L’homme s’est alors opposé dans une discussion par email avec ses collègues à l’emploi du mot «islamophobie» dans ce contexte. Par la suite, le professeur avait été accusé de «harcèlement moral» et a été exclu du groupe.

«L'ambiance est délétère»

Commentant la situation, l’enseignant s’est rappelé des temps où pendant «des grands débats» des parties pouvaient «se chamailler» et «se taper dessus» mais finissaient par «se respecter».

«Il y a encore un ou deux ans, on pouvait discuter. Moi, je suis plutôt libéral. On n'était pas d'accord mais cela n'allait pas plus loin. Aujourd'hui, la liberté d'expression n'existe plus à Sciences Po. Quand on dit un mot qui ne plaît pas, on vous intimide, voire on lance une cabale contre vous. Débattre de l'islam est devenu impossible. L'ambiance est délétère», a-t-il déploré.

L’homme souligne que lui et son collègue sont les «deux seuls à défendre encore le point de vue qui n’est pas complètement conforme à la doxa extrême-gauche».

«Je vais peut-être devoir le faire [porter plainte, ndlr]. Car, me traiter d'islamophobe est non seulement diffamatoire mais dangereux, quand on repense à ce qui est arrivé à Samuel Paty, dont le nom avait été jeté en pâture sur les réseaux sociaux», a-t-il ajouté.

Et de conclure:

«Moi personnellement, je n’ai pas peur, je défends ce que j’ai dit et je défendrai toujours.»

Un collage controversé

Un collage avec les noms de deux professeurs de Sciences Po Grenoble avec les mots «des fascistes dans nos amphis» et «l'islamophobie tue» a été affiché jeudi 4 mars à côté de l'entrée principale de cet Institut d'études politiques (IEP). Bien que le collage ait été retiré dans l'après-midi, des images ont été largement relayées sur les réseaux sociaux.

Dans un commentaire au Figaro, la direction a condamné avec fermeté des «attaques abjectes» et «inacceptables» contre ces professeurs sans préciser si une plainte sera déposée contre les auteurs des collages.

Le procureur de Grenoble a déjà ordonné une enquête pour injure publique envers un particulier et pour dégradation de bien par inscription.

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