Un jeune homme a été tué le 4 mars dans le sud du Sénégal lors de manifestations contre l'arrestation d'Ousmane Sonko, principale figure de l'opposition, a indiqué un responsable de la gendarmerie. C'est le premier décès confirmé au cours des manifestations en faveur de M.Sonko.
«Il y a un décédé parmi les manifestants à Bignona», en Casamance (Sud), a dit à l'AFP un commandant de gendarmerie sous couvert d'anonymat, sans préciser la cause. Selon lui, quatre gendarmes ont été également blessés dans les heurts.
Jets de pierres et tirs de gaz lacrymogènes
L'arrestation de M.Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme l'un des principaux candidats à celle de 2024, a provoqué des heurts parmi les plus importants qu'ait connus Dakar depuis des années.
Le 3 mars, des groupes de jeunes et les forces de l'ordre avaient échangé des jets de pierres et des tirs de gaz lacrymogènes. Le 4 mars, sur le campus de l'Université Cheikh Anta Diop, des dizaines d'étudiants avaient lancé en fin d'après-midi des morceaux de parpaings sur les policiers déployés alentour, selon des journalistes de l'AFP. Les policiers avaient riposté à coups de grenades lacrymogènes et assourdissantes et en renvoyant les cailloux.
Des troubles ont été aussi rapportés dans d'autres villes, y compris en Casamance. M.Sonko bénéficie d'un fort soutien dans cette région d'où son père est originaire et où il a passé une partie de sa vie.
Jeudi soir, des manifestants ont attaqué les locaux du quotidien gouvernemental Le Soleil et de la radio RFM, appartenant au groupe de presse privé du chanteur et ancien ministre Youssou Ndour, deux institutions jugées proches du pouvoir.
Le hashtag #FreeSenegal est devenu l’un des plus cités sur Twitter en France durant cette période.
Des médias suspendus
Après que le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) a mis en garde contre la diffusion de contenus faisant «explicitement ou implicitement l'apologie de la violence», incitant à des troubles à l'ordre public, ou «de nature à constituer une menace sur la stabilité nationale ou la cohésion sociale», il a annoncé suspendre pour 72 heures à partir de jeudi à 17h (GMT et locales) le signal de deux télévisions privées, Sen TV et Walf TV.
L'opposant Sonko est en garde à vue
M.Sonko, 46 ans, devait être entendu sur des accusations de viols et menaces de mort formulées contre lui par une employée d'un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour soulager, selon lui, ses maux de dos. Le député réfute les accusations, dévoilées début février dans la presse. Il crie au complot ourdi par le Président Macky Sall pour l'écarter de la prochaine présidentielle, comme l’indique l’AFP.
Le 3 mars, il a été placé en garde à vue officiellement pour les troubles à l'ordre public qu'il aurait causés en se rendant en cortège au tribunal et en refusant de suivre l'itinéraire fixé par les autorités.
Les avocats d'Ousmane Sonko ont pour leur part indiqué à l'AFP que le député était à nouveau attendu au tribunal vendredi.