En Tunisie, le chef de l’instante anticorruption alerte sur les menaces qui pèsent sur des dénonciateurs

Le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption a affirmé sur Mosaïque FM que pas moins de 600 demandes de protection ont été formulées par les dénonciateurs, dont 180 ont été accordées». Il pointe «le harcèlement au quotidien» que subissent ces dénonciateurs.
Sputnik

«La dénonciation de la corruption est devenue un problème majeur en Tunisie en ces temps où les traîtres sont honorés et les honnêtes accusés de trahison», affirme le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), Imed Boukhris, dans une déclaration à Mosaïque FM.

Selon lui, «à ce jour 600 demandes de protection ont été formulées par les dénonciateurs, dont 180 ont été accordées», au moment «où en 2020, en France par exemple, une seule demande de protection d’un dénonciateur de corruption a été soumise à la justice et accordée».

«Victimes de harcèlement au quotidien»

«Ces lanceurs d’alerte sont victimes de pratiques vindicatives et de harcèlement au quotidien, car ils ont révélé la vérité», déplore-t-il, soulignant qu'«au sein de l’INLUCC, nous essayons avec tous les moyens dont nous disposons de leur venir en aide, notamment juridiquement et psychologiquement».

Et d’ajouter que «la corruption qui se répand dans tous les domaines et dans tous les rouages de l’État entrave le développement et le progrès, attente à l’économie du pays et sape les fondements de la République».

«Nous vivons sous le même toit. S’il s’écroule, il s’écroulera sur nous tous», prévient-il, affirmant que «la Tunisie est un pays des personnes libres et honorables, où il n’y a pas de place pour les traîtres».

«Le coût de la corruption est estimé à 54%» du PIB tunisien

En septembre 2018, dans une déclaration à l’hebdomadaire français Jeune Afrique, l'ex-président de l’INLUCC, Chawki Tabib, affirmait que pas moins de 12.000 dossiers liés à des affaires de corruption ont été «dépoussiérés», dont 96 transmis à la justice en 2016, contre 246 en 2017.

«Malheureusement, aucun secteur n’est épargné», regrettait-il alors. «Outre la petite corruption que l’on retrouve partout, le phénomène est aussi très répandu dans les marchés publics, le recrutement dans la fonction publique, les autorisations administratives», ajoutait-il.
Interrogé sur l’estimation par ses services de l’ampleur du phénomène, le responsable expliquait qu’«en y intégrant le commerce informel et la contrebande, qui est une de ses formes les plus répandues, le coût de la corruption est estimé à 54 % de notre PIB».

«L’impact de la corruption est énorme sur nos équilibres financiers, sans oublier que, de par son ampleur, c’est aussi un frein voire un repoussoir pour l’investissement étranger», s’alarmait-il enfin.

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