«C’est la faute de la police»: une enquête ouverte après qu’une migrante a perdu son enfant

Si la préfecture du Pas-de-Calais assure qu’«à ce moment précis, aucun des migrants ne fait part de difficultés particulières», une famille kurde affirme dans une plainte que Le Monde a pu consulter que les forces de l’ordre n’auraient pas porté secours à la mère enceinte.
Sputnik

Une plainte pour «violences volontaires» a été adressée au parquet de Boulogne-sur-Mer après le décès d’un nouveau-né. Sa mère, une migrante kurde, avait été interpellée par les forces de l’ordre sur une plage du Pas-de-Calais alors qu’elle s’apprêtait à accoucher.

Comme le rapporte Le Monde, les faits remontent à septembre dernier. Une famille de migrants kurdes «pressée d’arriver en Angleterre pour que les enfants puissent faire leur rentrée des classes» et que la mère de famille puisse «accoucher sur place» a été interpellée sur une plage située entre Calais et Dunkerque par la gendarmerie.

Dans un communiqué de presse rendu public mercredi 3 mars, la préfecture du Pas-de-Calais assure qu’«à ce moment précis, aucun des migrants ne fait part de difficultés particulières». D’après la plainte de la famille kurde, que Le Monde a pu consulter, les forces de l’ordre n’auraient pourtant pas porté secours à la femme:

«Peu après l’arrivée des policiers [des gendarmes, en réalité], ma cliente a perdu les eaux, écrit l’avocate. Elle a aussitôt informé les policiers de la situation. Ceux-ci ont contacté leur supérieur et lui ont dit d’attendre. Le groupe est ainsi resté sur le bord de la route, dans le froid, pendant plusieurs heures, sous la surveillance constante» des gendarmes.

Selon la mère de la famille, que Le Monde a réussi plus tard à contacter au Royaume-Uni, elle a expliqué aux fonctionnaires être enceinte, mais «les policiers n’ont rien voulu entendre».

«Ils sont restés sur place sans entreprendre aucune démarche pour aider ma cliente qui saignait», indique la plainte dont Le Monde a pris connaissance.

Les migrants n’ont été libres de leurs mouvements que vers le matin. C’est alors que la femme a été repérée par une nouvelle patrouille de gendarmerie et conduite au centre hospitalier de Calais.

«Ils n’ont rien fait»

Le nourrisson né était de sexe féminin et souffrait de problèmes respiratoires et neurologiques graves. Hospitalisée dans le service de réanimation néonatale, l’enfant est extubée trois jours plus tard, faute de la moindre évolution de son état.

«C’est la faute de la police si ma fille est morte, ils n’avaient qu’un coup de fil à passer mais ils n’ont rien fait», se désespère la mère de famille auprès du Monde.

Une enquête est en cours à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), a annoncé la préfecture du Pas-de-Calais.

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