La laïcité semble battre de l’aile parmi les jeunes générations de Français: 52% des lycéens se disent favorables au port de signes religieux, tels que la croix, le voile, la kippa ou le turban, selon un sondage Ifop pour la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), relayé par Le Point. Parallèlement, dans l’ensemble de la population française, seulement 25% des personnes interrogées tolèrent l’idée de porter des signes religieux.
Dans le même temps, 38% sont favorables à ce qu'une loi autorise les élèves à porter le «burkini» à la piscine. 49% ne voient pas d'inconvénient à ce que les agents publics affichent leurs convictions religieuses.
En fonction de leur religion, 88% de musulmans approuvent le port de signes religieux, parmi les jeunes catholiques cette proportion est de 49%. Même parmi les jeunes qui déclarent n’appartenir à aucune religion, 40% sont favorables à l’idée.
Pas de place pour l’esprit critique?
Même si la loi sur la liberté de la presse reste en application, 52% des lycéens interrogés ne sont pas favorables au droit de critiquer, surtout de manière outrageante, une croyance, un symbole ou un dogme religieux. Uniquement 16% y sont favorables. Parmi les élèves qui se définissent comme musulmans, cette proportion est encore plus élevée: 78% sont contre le droit de critiquer et 64% des lycéens en REP (réseaux d'éducation prioritaire) le sont aussi.
«Actuellement, les musulmans représentent 14% de la population lycéenne, et ce noyau est très hostile au dispositif actuel de laïcité. Mais au-delà, il y a toute une jeunesse qui partage ces revendications. C'est particulièrement fort dans les quartiers populaires, où l'on observe un phénomène d'acculturation», analyse l’auteur de l’enquête François Krauss.
Selon lui, l’enquête met en exergue un double clivage: entre les jeunes et le reste des Français d'une part, et d'autre part entre les jeunes musulmans ou représentants de minorités ethniques, et le reste de la jeunesse, qui fait preuve de tolérance.
L’enquête a été réalisée en janvier auprès d'un échantillon représentatif de 1.006 lycéens selon la méthode des quotas.