Le Spiegel avertit sur une «génération perdue» à cause du Covid-19

À cause de la pandémie de Covid-19, l’écart global en matière d'éducation aggrave le fossé entre les classes privilégiées et les plus pauvres. Le Spiegel estime qu’une génération «perdue» est en train d’arriver et explique pourquoi.
Sputnik

La crise sanitaire provoquée par le coronavirus risque d’engendrer une «génération perdue» car des millions d’enfants n’ont plus d’accès normal à l’éducation. Et c’est eux qui devront «payer la dette de la pandémie», écrit le magazine allemand Spiegel.

En effet, selon un rapport de juin de la Banque mondiale, la perte de revenus de la génération actuelle d'écoliers s’élèvera à 10.000 milliards de dollars si les écoles du monde ne rouvrent pas rapidement.

En Allemagne, les établissements d'enseignement ont été fermés pendant des mois, et, dans certains pays les moins développés, n’ont pas ouvert depuis un an. En conséquence les jeunes perdent la possibilité d'échapper à la pauvreté et de pouvoir façonner leur vie, regrette le média.

Ainsi, selon les données de l'UNESCO publiées en août dernier, 24 millions d'enfants ne retourneront jamais sur les bancs de l’école parce qu'ils sont devenus indispensables pour leur famille dans la lutte quotidienne pour la survie. «La majorité des apprenants à risque, soit 5,9 millions, vivent en Asie du sud et de l'ouest; 5,3 millions se trouvent en Afrique subsaharienne», précisait le rapport.

La menace du mécontentement

Outre de créer des difficultés économiques, cet écart global en matière d'éducation creuse le fossé déjà existant entre les classes privilégiées et les personnes qui ne peuvent pas se permettre une meilleure éducation, affirme le média.

Pire, des experts considèrent le mécontentement croissant comme une cause potentielle de futurs conflits, d’une migration accrue et de la croissance de l’extrémisme, souligne le Spiegel.

Katrin Kuntz, rédactrice au département international du journal, s'est entretenue avec des experts en éducation sur les conséquences des fermetures d'écoles. Selon elle, il est encore possible d'éviter l’arrivée d’une génération perdue.

«Mais pour ce faire, les gouvernements doivent choisir d'investir dans les plus jeunes. Et ils ne doivent plus du tout prendre de temps.»

Une crise alarmante

Le Fonds monétaire international se montre également préoccupé par la crise économique provoquée par la pandémie. «Nous estimons que fin 2022, le revenu cumulé par habitant sera de 13% inférieur aux projections d'avant la crise dans les économies avancées, contre 18% pour les pays à faible revenu et 22% pour les pays émergents et en développement à l'exception de la Chine», a noté dans un billet de blog publié le 24 février Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI.

Face à cette situation dramatique, Save the Children, organisation caritative basée à Londres, a appelé ses donateurs à la mi-janvier à aider les gouvernements à renvoyer dans les écoles les enfants des pays pauvres. Selon les calculs de l’ONG, un peu plus de 50 milliards de dollars américains, soit 370 dollars (environ 300 euros) par élève sont nécessaires pour protéger l'avenir des plus marginalisés.

 

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