Le 19 novembre 2018, Carlos Ghosn a été arrêté au Japon. Dans son ouvrage «Ensemble, toujours», l’ancien PDG de Renault-Nissan a décrit, entre autres, l’attitude du gouvernement français à son égard.
«Dans les premières semaines de mon arrestation, le gouvernement français a montré quelques signes d'intérêt pour moi en demandant à la justice japonaise que je rentre en France et en l'assurant que je repartirais au Japon au moment du procès. Hélas, cette sollicitude pour ma personne n'a pas fait long feu […]. Le contraste entre ce que je subis et la nonchalance du gouvernement français me choque énormément», écrit M.Ghosn dans un passage dévoilé par Le Journal du Dimanche (JDD).
Sacrifier le «soldat Ghosn»
Il affirme que son «abandon "officiel" par la France» a eu lieu le 11 janvier 2019, «quand les Japonais refusent de me libérer à l'issue de ma première garde à vue et qu'ils me chargent d'une nouvelle accusation qui va sceller mon sort».
«Le gouvernement français décide qu'arrivant quasiment à l'âge de la retraite, je dois abandonner mes fonctions et qu'il nommera un nouveau patron pour Renault. Il a voulu faire un exemple et a sacrifié le "soldat Ghosn"! Tout ça pour ne pas exploser l'Alliance et tenter de rétablir des relations avec Nissan qui l'a pourtant provoqué en remettant en cause ladite Alliance.»
Bruno Le Maire, l’«émissaire de toute cette opération»
Carlos Ghosn pointe du doigt Bruno Le Maire, qui est, selon lui, «l'émissaire de toute cette opération».
«D'un côté, les politiques répètent faire tout ce qu'ils peuvent pour moi et en appellent au respect de la présomption d'innocence et de l'autre, Bruno Le Maire déclare sur RTL, le 20 janvier 2019: "Je n'ai aucun jugement à porter sur le système judiciaire japonais", alors qu'il en connaît les dysfonctionnements. Qu'il ajoute: "Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les conditions de Carlos Ghosn soient les meilleures possible" montre l'étendue de son cynisme.»
«Ensemble, toujours» sort le 3 mars aux éditions de L'Observatoire. À deux voix, les époux Ghosn y parlent des 14 mois qui ont suivi l'arrestation de l'ex-PDG.
Affaire Carlos Ghosn
Arrêté au Japon en novembre 2018, Carlos Ghosn a été inculpé pour diverses malversations financières présumées. Détenteur de trois nationalités (française, libanaise et brésilienne), il a été ensuite libéré sous caution, sous de strictes conditions et avec l'interdiction de quitter le pays dans l'attente de son procès.
Cependant, en décembre 2019, il a réussi à fuir pour se rendre au Liban, où il se trouve actuellement. M.Ghosn, qui fait l'objet d'une demande d'arrestation d'Interpol, reste hors d'atteinte des juges japonais car le Liban n'extrade pas ses ressortissants. Toutefois, la justice libanaise lui a interdit de quitter le territoire.
Outre le procès principal au Japon, l’ancien PDG de Renault-Nissan est aussi visé par plusieurs enquêtes judiciaires en France.