Emmanuel Macron vient de participer par visioconférence à un sommet avec les chefs d’État des pays du G5 Sahel pour discuter de l’avenir des opérations antiterroristes dans la région.
Macron souhaite faire de cette opération une vitrine de sa vision de l’Europe de la Défense. Sur le réseau social professionnel LinkedIn, le Président de la République a proclamé: «Au Sahel, les résultats sont là. Nous, Européens, nous mobilisons plus largement.»
Mais a-t-il raison? Quels sont exactement ces résultats? Et à quel prix? Et si les choses vont mieux, qu’est-ce qui a changé la donne? Jérôme Pigné, président cofondateur du réseau de réflexion stratégique sur la sécurité au Sahel et chercheur associé à l’Institut Thomas More, dresse le bilan du rôle de l’Europe sur le terrain sahélien:
«Pour l’instant, l’Europe de la Défense n’existe pas, d’une part. Et deuxièmement, il semble très difficile d’envisager qu’une situation comme la situation sahélienne, soit des terreaux ou des laboratoires, des expérimentations favorables pour que la France puisse embarquer "on board" ses partenaires européens, même s’il y a eu des évolutions.»
Quelle est donc la prochaine étape pour la présence française dans la région? Le président du réseau de réflexion stratégique sur la sécurité au Sahel explique qu’il s’agit d’une vision plus globale des enjeux régionaux:
«Progressivement, on sent quand même qu’il y a une volonté de prendre les défis du G5 Sahel au-delà du spectre militaire. Je crois que depuis sa création en 2014, on a voulu mettre en avant la nécessité d’une organisation qui coordonnerait davantage les perspectives de sécurité et de développement des pays du G5 Sahel.»
Cela implique-t-il pour la France de pérenniser sa présence, au-delà de l’opération militaire? Jérôme Pigné n’est pas de cet avis:
«Je crois que la France, en tant que premier partenaire et ancienne puissance coloniale, n’a aucun intérêt politique et stratégique à rester et à voir une opération qui dure trop dans le temps.»