Les sectes aujourd'hui, ce n'est plus, ou plus seulement, l'église de Scientologie ou le Temple solaire, mais beaucoup de petits groupes. On en dénombre 500 en France, explique la ministre déléguée Marlène Schiappa en présentant un rapport réalisé par des enquêteurs de la police, de la gendarmerie et la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
La dérive sectaire repose sur «trois piliers»: une idéologie, un gourou et un phénomène d'emprise.
En 2020, la Miviludes a reçu 3.000 signalements (contre 2.800 en 2019), dont 700 ont été évalués comme sérieux.
Environ 40% concernent des questions de santé ou de bien-être et 25% des mouvements religieux.
Une vingtaine de procédures judiciaires ont été engagées contre des personnes qui ont profité de la crise sanitaire pour développer en France une emprise sectaire, selon la ministre.
Exemples
Marlène Schiappa liste des «nouvelles tendances», comme les stages de jeûne extrême ou les stages survivalistes. Elle évoque Thierry Casasnovas, «un théoricien du crudivorisme (consommer les aliments crus) qui diffuse des thèses complotistes». Cette «personnalité», dont la chaîne YouTube compte plus de 500.000 abonnés, «fait l'objet d'une enquête pour mise en danger de la vie d'autrui», explique Marlène Schiappa.
Il y a également QAnon, un mouvement complotiste pro-Trump, venu des États-Unis et apparu il y a deux ans en France. Le groupe Facebook QAnon France compte 30.000 personnes.
Le rapport note «une surreprésentation des départements ruraux, ceux de la diagonale du vide», où «il y a moins de services publics», dans le paysage sectaire. Les réseaux sociaux jouent un rôle primordial, permettant aux «gourous» de recruter «des personnalités fragiles isolées», note Marlène Schiappa.
Elle assure qu'elle va «renforcer» la Miviludes, rattachée depuis l'été 2020 au ministère de l'Intérieur, après avoir été dans le giron de Matignon.
Une magistrate, Hanène Romdhane, va être nommée à sa tête. Des agents de Bercy seront rattachés à la Mission notamment «pour lutter contre les détournements d'argent».