Amnesty International cesse de considérer Navalny comme un «prisonnier d'opinion»

Amnesty International a annoncé qu’elle ne considérait plus le blogueur Alexeï Navalny, condamné à de la prison ferme en Russie, comme un «prisonnier d’opinion».
Sputnik

Le blogueur et opposant russe Alexeï Navalny, dont le sursis a récemment été transformé en prison ferme pour violation des mesures de contrôle judiciaire, ne peut pas être considéré comme un «prisonnier d’opinion», ressort-il d’une lettre de l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International, reçue par le journaliste américano-canadien Aaron Maté.

«Amnesty n’est plus en mesure de considérer Alexeï Navalny comme un prisonnier d'opinion étant donné qu'il a prôné la violence et la discrimination et qu'il ne s'est pas rétracté», est-il indiqué dans une copie de la lettre publiée sur Twitter.

​«Discours de haine»

Alexandre Artemiev, responsable médias pour l'Europe de l'Est et l'Asie centrale à Amnesty International, a confirmé cette information.

«Oui, nous n’utiliserons plus l’expression "prisonnier d’opinion" en parlant d’Alexeï Navalny puisque notre service juridique et politique, qui a étudié ses propos émis au milieu des années 2000, est parvenu à la conclusion qu’elles atteignaient le niveau du discours de haine», a expliqué M.Artemiev cité par les médias russes.

Au milieu des années 2000, Alexeï Navalny avait fait plusieurs vidéos où il s’exprimait de manière désobligeante sur les migrants et se qualifiait de «nationaliste certifié».

Amnesty International appelle toujours à libérer Navalny

Néanmoins Amnesty International exhorte toujours à libérer M.Navalny et continuera de collecter des signatures en faveur de sa libération «parce qu’il est poursuivi uniquement pour des raisons politiques», a ajouté M.Artemiev.

Le 17 janvier, Amnesty International avait reconnu Alexeï Navalny comme prisonnier d'opinion suite à son arrestation dans un aéroport de Moscou. Le blogueur y était arrivé en provenance d’Allemagne où il avait suivi un traitement après son empoisonnement présumé.

Le sursis de Navalny transformé en prison ferme

Le 2 février, un tribunal de Moscou a commué la peine de trois ans et demi de réclusion avec sursis de M.Navalny en prison ferme dans le cadre de l’affaire Yves Rocher remontant à 2014.

Mais étant donné qu’il a passé un an en résidence surveillée et dans un centre de détention provisoire lors de l'enquête préliminaire, il ne passera que deux ans et demi en colonie pénitentiaire. Cette décision a été confirmée le 20 février par le tribunal municipal de Moscou.

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait auparavant exigé que Moscou libère l’opposant. Le ministère russe de la Justice a indiqué que cette déclaration, «une ingérence grossière et flagrante», était «injustifiée et infondée», alors que la diplomatie russe a quant à elle souligné que cette position de la CEDH aurait des conséquences «désastreuses» pour le droit international.

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