Les pays riches doivent aider à vacciner l’Afrique «pour leur propre protection», explique un docteur

Face à l’inégalité de l’accès aux vaccins entre les pays riches et pauvres, le docteur Jérôme Marty rappelle dans 20 Minutes qu’il convient de soigner l’ensemble du globe, notamment l’Afrique, afin de lutter véritablement contre la pandémie de Covid-19.
Sputnik

Samedi 21 février, plus de 200 millions de doses des différents vaccins anti-Covid ont été administrées dans le monde, soit le double d’il y a trois semaines, selon un comptage de l’AFP. Toutefois, 92% de ces doses se trouvaient dans des pays à revenu «élevé» ou «intermédiaire dans la tranche supérieure», selon la définition de la Banque mondiale. À ce niveau, l’Afrique est particulièrement mal lotie.

«Le principe d’une pandémie, c’est qu’elle est mondiale. Pour l’endiguer totalement, il faut que le monde entier se vaccine, pas juste les pays riches. Sinon, le coronavirus finira par revenir sur leur territoire», explique à 20 Minutes le docteur Jérôme Marty, président du syndicat Union française pour une médecine libre.

Il évoque même «une absolue nécessité pour les pays riches et pour leur propre protection» lorsqu’il s’agit de l’Afrique. Si ceux-ci ont pu rapidement passer des contrats de livraison avec de grands laboratoires, peu de pays africains peuvent se le permettre et dépendent du dispositif Covax de l’OMS, lequel pourrait s’étendre jusqu’à fin 2022.

«Actuellement, le monde est coupé en deux, entre les pays riches et les pays pauvres, et ni les uns ni les autres n’ont intérêt à cette vaccination à deux vitesses», s’inquiète le Dr. Marty.

Circulation du virus

Un autre risque s’accentue au fur et à mesure de la circulation du virus: la mutation et donc l’apparition de variants. Le vaccin de Pfizer se montre d’ailleurs moins efficace contre celui qui provient d’Afrique du Sud. 

«Avec une circulation plus massive et plus longue en Afrique, d’autres variants pourraient apparaître et avoir la même résistance», avertit auprès de 20 Minutes Hélène Rossinot, docteur en santé publique.

«C’est une question de solidarité et de justice de pouvoir, en tant que pays riche, de soutenir les pays plus pauvres dans leur lutte contre le Covid», plaide-t-elle.

Renforcer son influence

En réaction à ce déséquilibre, Emmanuel Macron a appelé vendredi lors du sommet du G7 à livrer 13 millions de doses à l’Afrique afin de vacciner ses 6,5 millions de soignants. Une autre raison pourrait toutefois avoir motivé cette proposition. «Si nous annonçons des milliards aujourd'hui pour donner des doses dans six mois, dans un an, nos amis africains iront acheter des doses aux Chinois, aux Russes», avait-il prévenu.

Samedi 20 février, les premières doses chinoises de Sinopharma sont ainsi arrivées à Dakar, un événement retransmis en direct à la télévision sénégalaise. Présent sur le tarmac de l’aéroport, le Président Macky Sall a consacré ses premiers mots à l’ambassadeur de Chine.

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