La présidente du Forum Cœur d’Algérie évoque les ambitions du Président Tebboune

Dans un entretien à Sputnik, le Dr Ibtissem Hamlaoui, présidente du Forum Cœur d’Algérie détaille les enjeux de l’annonce faite par le Président Tebboune concernant la création de l’Observatoire national de la société civile. Le chef de l’État veut «faire de la société civile le fer de lance d’un réel sursaut républicain salvateur», affirme-t-elle.
Sputnik

Jeudi 18 février au soir, s’adressant à la nation lors d’un discours diffusé par la télévision nationale algérienne, Abdelmadjid Tebboune, qui a pris la décision de dissoudre l’Assemblée populaire nationale (APN) et de procéder à un important remaniement ministériel, a annoncé la création de l’Observatoire national de la société civile (ONSC), une de ses promesses phares lors de la campagne présidentielle de décembre 2019.

Durant les 20 années de pouvoir de l’ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika, l’activité, tant des partis politiques que du mouvement associatif, a gravement reculé jusqu’au sursaut populaire du 22 février 2019 qui a mis fin à l’ancien régime.

Dans une interview accordée à Sputnik, le Dr Ibtissem Hamlaoui, spécialiste en chirurgie cardiovasculaire et présidente du Forum Cœur d’Algérie (FCA), explique la genèse et les enjeux politiques, sociétaux et de développement de la création de l’ONSC.

La présidente du Forum Cœur d’Algérie évoque les ambitions du Président Tebboune

«Faire de la société civile le fer de lance d’un sursaut républicain»

La présidente du FCA, qui regroupe 1.000 associations réparties sur tout le territoire national, indique que la décision du chef de l’État «émane d’une volonté de faire de la société civile le fer de lance d’un réel sursaut républicain salvateur, porté par la dynamique du Hirak du 22 février qui a suscité l’admiration du monde entier».

En effet, le Dr Hamlaoui explique que «l’état dans lequel se trouvent les partis politiques qui ont de plus en plus de mal à galvaniser le peuple - dont le taux de participation au dernier référendum sur la Constitution [23,7%, ndlr] est un indicateur édifiant - a amené le Président Tebboune à parier sur la société civile». Cette dernière «a dépassé les partis lors du Hirak, en manifestant une conscience politique élevée et en exigeant un changement radical dans toutes les dimensions de la vie publique. Chose à laquelle les partis n’arrivent toujours pas à apporter de réponses pratiques et viables».

Partant de ce constat, auquel s’ajoute le discrédit des différentes associations nationales et même certains syndicats, «le chef de l’État, qui [en] a fait l’expérience durant sa campagne présidentielle, a choisi de parier sur un rôle plus important de la société civile dans la dynamique de changement et de développement national, raison pour laquelle la création de l’ONSC a été intégrée dans la nouvelle Constitution du pays», précise-t-elle.

«Rien ne se fera sans l’engagement de tous»

Pour Ibtissem Hamlaoui, l’Algérie fait face actuellement à des défis énormes multidimensionnels: politiques, économiques, culturels, éducatifs, sanitaires, sécuritaires et de défense qui nécessitent une «mobilisation nationale urgente».

La présidente du Forum Cœur d’Algérie évoque les ambitions du Président Tebboune

«Nous avons des problèmes économiques et financiers depuis la chute du prix du pétrole en 2014 qui a provoqué la fusion des réserves de change du pays, la chute de la valeur de la monnaie nationale, le recul du pouvoir d’achat et l’explosion du chômage, notamment dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 qui a plombé toute l’économie mondiale», informe le Dr Hamlaoui. Selon elle, «cette situation a fragilisé le pays sur le plan interne dans un contexte régional et international des plus dangereux sur le plan sécuritaire».

Ainsi, «l’Algérie a besoin de développer une économie hors hydrocarbures en se basant sur une industrie, civile et militaire, et une agriculture du futur, créatrices de richesses et d’emplois productifs, et dont le savoir, la recherche scientifique et technologique et la créativité en général seront la locomotive et leitmotiv», soutient-elle.

La présidente du Forum Cœur d’Algérie souligne que pour se faire, «le pays a besoin d’un nouveau paradigme pour sortir de la léthargie et se hisser au niveau de puissance régionale incontournable, un statut qui lui revient de droit de par sa position stratégique». Il faut «sonner la mobilisation générale par un projet culturel, éducatif, à tous les niveaux, y compris la formation professionnelle, et social pour atteindre cet objectif qui est tout à fait notre portée, ne pourrait faire l’économie de l’engagement de tout le peuple», poursuit-elle.

Et d’insister: «La sécurité et la défense nationale, l’économie de l’innovation, la culture, la santé et les autres secteurs sont des questions qui concernent tout le monde. Rien ne se fera sans l’engagement de tous et c’est là où la société civile, notamment l’ONSC, a un rôle crucial à jouer».

Quid des initiatives du FCA?

À titre d’exemples, Ibtissem Hamlaoui indique qu’au-delà de ses activités nationales, notamment la campagne de mobilisation contre le Covid-19, le FCA ambitionne de se donner «un rôle diplomatique dans le rapprochement des peuples de tous les pays du Maghreb qui sont condamnés à travailler dans l’espace commun de l’Union du Maghreb arabe (UMA)».

«Sans nous mêler de la politique extérieure du pays qui est strictement du ressort du Président de la République et de son ministre des Affaires étrangères dans le cadre de nos activités humanitaires, la direction du FCA a visité dernièrement les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf où elle s’est entretenue avec le ministre de la Santé de la RASD et pris en charge cinq enfants nécessitant des interventions chirurgicales cardiaques», informe le Dr Hamlaoui. «Le FCA se rendra également dans le cadre d’une compagne sanitaire dans le sud-est de l’Algérie, à la frontière avec la Libye, où une rencontre est programmée avec la fondation Kadhafi, dirigée par la fille du dirigeant libyen, Aïcha, sur le sol libyen».

En conclusion, la présidente du FCA rappelle que «l’Algérie a besoin de tous ses enfants pour mener à bien la tâche de sa reconstruction et de son développement». «Nous devons tous retrouver en nous-même l’esprit qui a conduit et uni nos aïeux dans leur lutte contre le colonialisme jusqu’à l’indépendance en 1962. Le même esprit qui a dressé le peuple russe contre l’Allemagne nazie à Stalingrad. Le même également qui a insufflé l’énergie de la reconstruction d’après-guerre en Allemagne, en France et au Japon», lance Ibtissem Hamlaoui.

«Le miracle est possible, c’est le défi des jeunes de la société civile et nous allons l’assumer et le relever avec fierté et passion.»
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