Délinquance sexuelle: l’inégal combat entre la Justice et le tribunal du Net

Face aux affaires de violences sexuelles sur mineurs, l’émotion gagne l’opinion et les accusés se retrouvent condamnés en place publique. Une pression médiatique qui met à mal le fonctionnement de la Justice, déplore l’avocat Régis de Castelnau, qui en rappelle les fondements à Sputnik. Entretien.
Sputnik

«Le tribunal médiatique a fini par contaminer l’ordre judiciaire». Dans une tribune publiée par Le Monde le 15 février, six avocats à la Cour, dont ceux de l’acteur Richard Berry, pointent du doigt le rôle des médias et des réseaux sociaux dans le cadre des affaires de violences sexuelles sur mineurs.

Récemment, les accusations d’agressions sexuelles, de viols parfois incestueux commis par des personnalités se sont multipliées, suscitant une vive émotion. Mais si l’émoi est légitime, les accusés se voient condamnés par le tribunal médiatique sans procès, mettant à mal le fonctionnement et l’idée même de Justice.

Régis de Castelnau, avocat, revient pour Sputnik sur la complexité de ce genre d’affaires:

Après le politologue Olivier Duhamel, l’acteur Richard Berry, le père de la journaliste Audrey Pulvar, le directeur de l’établissement privé Saint-Jean de Passy ou encore celui du Centre National du Cinéma, tous sont vus accusés de violences sexuelles sur mineurs, parfois perpétrées au sein de la sphère familiale.

Les révélations, dont l’impact est décuplé par les médias et les réseaux sociaux, mettent la Justice sous pression:

«La justice n’est pas là pour permettre aux victimes de se reconstruire, pour faire plaisir à la foule. Elle est là pour s’emparer de faits qui lui sont soumis, les établir et donner la sanction qu’ils méritent s’ils constituent une transgression de l’ordre social et de la règle sociale.»

Et s’il faut mettre fin à l’omerta, il ne faut toutefois pas sombrer dans la chasse aux sorcières avant que justice n’ait été rendue, souligne l’avocat.

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