«On n’arrive pas à comprendre. On est assez furieux par rapport à cela.»
Le collectif de parents École et Familles Oubliées ne décolère pas: un nouveau protocole sanitaire concernant les écoles, de la maternelle au lycée, a été publié par le ministère de l’Éducation nationale avant le début des congés d’hiver de la zone C.
Le groupe de parents d’élèves fustige une modification «en catimini». D’autant plus que dans des travaux publiés par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) le 14 février, les chercheurs estiment que le variant britannique devrait être dominant en France entre la fin du mois de février et le début du mois de mars. Une présence qui pourrait entrainer une «croissance rapide des cas dans les semaines à venir» selon l’INSERM.
«Cette nouvelle version modifie encore une fois les règles. Non pas pour une meilleure sécurisation des établissements, mais au contraire pour permettre finalement au virus de circuler davantage, notamment dans le cas du variant anglais. C’est un choc pour les familles», estime le collectif dans un entretien donné à Sputnik.
Avant la modification du protocole le 12 février dernier, un cas confirmé au variant britannique du Covid-19 entrainait une fermeture immédiate de la classe.
Des changements qui inquiètent
Un assouplissement jugé «incompréhensible», voire «irrationnel» par le collectif École et Familles Oubliées. Sur BFMTV, Jean-Michel Blanquer a tenu à justifier son choix. Selon lui, «on avait fortement durci ces derniers temps, notamment pour tenir compte des différents variants.» Or, «Les autorités de santé ont pensé que c’était mieux de revenir au système précédent, c’est-à-dire la fermeture d’une classe en général quand il y a trois cas. C’est donc la situation dans laquelle on est pour le variant anglais.»
Des arguments qui ne convainquent guère École et Familles Oubliées. Pour tenter d’atténuer les critiques, le ministère a expliqué à l’AFP que «fermer plus massivement [les écoles] rendrait le “contact tracing” et les tests plus difficiles. Au lieu de tester tout un établissement, il faudrait retrouver chaque élève chez lui, où les gestes barrières sont bien différents (pas de masque chez soi, etc.)». Un argument qui fait bondir le groupe de parents d’élèves.
«Cela tourne vraiment au ridicule, la situation est tellement grave que l’on n’arrive pas à en rire. Quand on entend des justifications infondées, en tant que parents, on trouve que c’est méprisant et insultant par rapport à notre intelligence», s’indigne le collectif.
Alors, comment expliquer cette stratégie gouvernementale? Pour le syndicat national des enseignements de second degré SNES-FSU, l’exécutif cherche à «casser le thermomètre».
«Est-ce parce que les règles du 1er février ont conduit à une augmentation des fermetures de classes (+70% en une semaine)? Un protocole sanitaire ne sert pas à produire des chiffres pour enjoliver un bilan, mais à protéger les adultes et les élèves!», dénoncent-ils.
Un protocole plus politique que sanitaire?
En effet, les précédentes mesures ont entrainé une flambée des fermetures de classe: alors qu’une zone était déjà en vacances, ce sont 1.599 classes et 103 établissements scolaires qui étaient à l’arrêt, d’après des chiffres communiqués par le ministère de l’Éducation le 12 février, contre 934 et 105 établissements une semaine plus tôt.
«Si le gouvernement ne veut pas fermer les écoles, la seule solution c’est d’augmenter la sécurité dans les établissements. Ce n’est pas de cacher les chiffres et laisser les enfants se contaminer, les personnels et puis les familles derrière […] il n’y a aucune transparence, c’est purement idéologique, l’intérêt sanitaire des élèves et des familles n’est vraiment pas pris en compte», arguent-ils.
Comme l’explique le collectif, certaines familles doivent dorénavant faire un choix compliqué: renoncer au droit à l’éducation pour sauvegarder leur santé. Un arbitrage «vraiment inacceptable», conclut École et Familles Oubliées.