L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) estime, selon les derniers scénarios, que le variant britannique du SRAS-CoV-2 pourrait devenir très bientôt dominant en France: dès la dernière semaine de février ou la première de mars. Pourtant, le renforcement des mesures barrières pourrait permettre de gagner du temps, selon une étude de l’Institut en collaboration avec Orange Labs et Santé publique France.
«Sur la base de la circulation du variant britannique estimée début janvier, les chercheurs de l’Inserm considèrent que ce plateau observé résulte du contrepoids de deux dynamiques opposées: une circulation décroissante de la souche historique […] opposée à l’augmentation exponentielle de celle de la variante», indique l’Inserm dans un communiqué.
Les experts ont élaboré différents scénarios à partir notamment des données relatives aux admissions à l'hôpital.
Celles-ci «montrent qu’après une augmentation de leur nombre de décembre (6.700 hospitalisations hebdomadaires en moyenne) à début janvier (environ 9.000), l’épidémie a plafonné dans la deuxième moitié du mois, après la mise en œuvre du couvre-feu à 18 heures et le renforcement des mesures de distanciation sociale en France», observe l’Inserm.
Toutefois, les modèles établis prévoient une remontée des admissions à l'hôpital dès que le variant B.1.1.7 aura atteint une position dominante.
La directrice de recherche de l'Inserm et spécialiste en modélisation des maladies infectieuses, Vittoria Colizza, détaille la situation à BFM TV.
«Les mesures prises par le gouvernement ont réussi à impacter la circulation de la souche historique, qui circulait avant l'arrivée des variants», a-t-elle expliqué à la chaîne.
Mais en parallèle, «on a une augmentation du variant britannique», a-t-elle ajouté.
«Possible ralentissement»
L’Inserm relève avant tout la nécessité de gagner du temps.
«Un possible ralentissement lié aux vacances scolaires, avec des mesures de distanciation sociale plus contraignantes, ainsi que le renforcement du dispositif tracer-tester-isoler permettrait de gagner du temps supplémentaire avant une résurgence des cas attendue, associée à la diffusion des variants», notent les spécialistes.
Le problème avait été évoqué dès début janvier, en l’absence de données fiables en France. Pourtant, les conséquences avaient été déjà esquissées pour Le Figaro par Mircea Sofonea, épidémiologiste et modélisateur à l’université de Montpellier.
«Si on réagit trop tard et que le nouveau variant devient dominant, on risque de ne pas pouvoir contrôler l’épidémie, même avec un confinement aussi restrictif que ce qu’on a connu en France lors de la première vague», avait-il souligné.