Son studio parisien squatté depuis deux ans, elle raconte son calvaire jusqu'à sa récupération - photos

À Paris, une propriétaire a pu récupérer, non sans violences, son studio squatté depuis deux ans, quasiment vide et dans un état qui laisse à désirer. Privée de ce revenu locatif, elle n’a pas pu payer son propre loyer et se retrouve désormais endettée. Contactée par Sputnik, elle raconte son calvaire qui est encore loin d’être terminé.
Sputnik

Le 14 janvier 2021, Sputnik rapportait l’histoire d’Emmanuelle Iches, blogueuse culinaire et propriétaire d’un studio dans le IXe arrondissement de Paris squatté depuis mars 2019 par une femme qui, en faisant valoir ses «droits», n’a pas pu être expulsée immédiatement. Au terme d’un long combat, elle nous informe avoir repris le contrôle de son bien ce mercredi 3 février, vidé et délabré.

Le 2 février, veille de l’expulsion effective, jour où l’occupante avait prévu de partir, Emmanuelle prend rendez-vous avec un huissier pour la reprise des lieux officielle ainsi qu’un agent immobilier pour l’état des lieux. Elle est également accompagnée d’une équipe de tournage, pas une première dans une affaire fortement médiatisée ces dernières semaines.

Expulsion dans la violence

À l’intérieur, Emmanuelle retrouve la femme qui squatte l’appartement depuis le début, un adolescent d’environ 14 ans qu’elle présente «un coup comme son fils, un coup comme son frère», ainsi qu’un trentenaire «assez costaud».

Les occupants n’acceptent pas d’être filmés, malgré l’assurance des journalistes que leurs visages seront floutés. Ils tabassent le caméraman, cassent son matériel et menacent la propriétaire. «Ils m’ont fait des signes explicites» en mimant un égorgement, raconte-t-elle, «ils ne voulaient probablement pas être filmés en train de vider l’appartement».

Studio délabré

C’est pourtant chose faite, la plupart des meubles et de l’électroménager étant partis lorsque le studio est finalement récupéré. «Ils ont laissé le canapé, le lit et la machine à laver», précise Emmanuelle, qui se retrouve désormais face à une «ardoise salée».

Les squatteurs n’ayant pas entretenu les lieux, entre 10.000 et 15.000 euros seront nécessaires pour rénover le studio, une somme que la blogueuse n’est pas en mesure de se procurer. En effet, le revenu locatif de ce studio devait l’aider à payer son propre loyer dans le XVIIIe arrondissement, où elle est menacée d’expulsion. Elle est d’ailleurs convoquée en ce sens le 12 mars.

Conflit avec la préfecture

L’histoire aurait pu toutefois prendre un autre tournant le 22 novembre 2019, quand un juge a ordonné l’expulsion sans délai de la squatteuse. C’était sans compter sur la décision de la préfecture de police de ne pas recourir à la force publique, justifiant un «droit au logement». C’est finalement grâce au ministère du Logement, ayant entendu parler de cette affaire dans la presse, que les choses ont commencé à évoluer et une solution a été trouvée pour l’expulsion.

La squatteuse, placée en garde à vue pendant 48 heures après cet épisode de violences, pourra a priori être relogée dans un foyer d’accueil d’urgence avec sa fille de deux ans et son fils/frère, nous apprend Emmanuelle. Cette dernière a d’ailleurs porté plainte ce vendredi pour vol et menaces de mort.

Dettes à rembourser

Entre les loyers de retard réclamés par son propriétaire, les travaux de rénovation de son studio et les frais de justice, Emmanuelle Iches estime sa dette à environ 50.000 euros. La préfecture est censée l’indemniser à hauteur de 10.000 euros pour avoir refusé d’appliquer le jugement de novembre de 2019, mais «ils prétextent tout un tas de raisons administratives» pour ne pas le faire, déplore-t-elle.

«Si je vais au tribunal administratif, il y a 100% de chances d’obtenir réparation», indique-t-elle, mais la procédure peut durer jusqu’à deux ans. Ainsi, une cagnotte a été lancée le mois dernier pour l’aider à rénover son studio et pouvoir le louer à nouveau. À ce jour, près de 2.400 euros ont été récoltés. «Ça m’a permis de payer la porte blindée» pour sécuriser l’appartement, précise-t-elle.

En attendant, Emmanuelle risque toujours d’être expulsée de l’appartement où elle vit, au terme de la trêve hivernale, prolongée cette année jusqu’au 1er juin. «Il est absolument injuste que je sois expulsée de chez moi parce que l’État n’a pas fait son boulot, parce que des squatteurs sont rentrés chez moi, et parce que la préfecture s’en lave les mains», conclut-elle.

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