Fin janvier, le Premier ministre annonçait à la surprise générale qu’il ne comptait pas instaurer un troisième confinement national, préférant d’autres mesures restrictives. L’infectiologue Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, a analysé sur France Inter les effets de ces mesures sur la courbe épidémique.
L’épidémiologiste estime qu’elles ont permis d’éviter une flambée épidémique telle qu’observée au Royaume-Uni. «On a vu un impact positif du couvre-feu à 20 heures, celui du couvre-feu à 18 heures est très certainement positif», prédit-elle. Depuis plusieurs semaines, les chiffres de l’épidémie progressent peu, formant un «plateau», mais qui reste «très haut, on est au même nombre d’hospitalisations qu’en mars-avril».
Le pari du gouvernement
C’est pourquoi le Dr Lacombe juge que la décision du gouvernement d’éviter un nouveau confinement pour l’instant est un «pari qui a été fait».
«On est au bord du précipice. Pour l'instant, on est en équilibre. Personne n'espère qu'on va tomber», résume-t-elle. Karine Lacombe fait partie des médecins qui considèrent qu’un confinement total est justifié.
Selon elle, il aurait fallu profiter des vacances scolaires (du 6 février au 8 mars selon les zones) pour «confiner très fort» de façon à «couper définitivement la dynamique de l’épidémie et retomber à un stade très bas de contaminations» et ainsi ne plus saturer les hôpitaux.
Les tests et la vaccination pourraient alors permettre de garder la courbe à bas niveau et de se diriger vers une sortie de crise, explique-t-elle.
«Confinement» inévitable
«Le parti qui a été pris n’est pas celui-ci», déplore l’épidémiologiste qui estime finalement que rajouter toujours plus de restrictions, par exemple une limitation des déplacements, va amener à «un confinement qui n’en porte pas le nom».
Et de conclure: «des mesures de coercition plus importantes, […] oui c’est inévitable».