«Assa Traoré dénonce haut et fort ce que certains osent à peine murmurer: le racisme profond de la société française et de l’État», écrit Jeune Afrique qui s’est entretenu avec la chef de l’association La Vérité pour Adama.
Dans cette interview, la sœur d’Adama Traoré dénonce de nouveau les violences policières qui visent d’abord les personnes issues de l’immigration. Elle qualifie notamment de «machine de guerre» l’État français, la police et le système judiciaire qui l’ont poussée à devenir «une soldate engagée en faveur de la vérité et de la justice».
«Au début, pourtant, je croyais en la justice de ce pays. J’ai grandi avec la conviction que la justice est un droit. Je réalise aujourd’hui que, si ce droit existe, il n’est pas le même pour tous. Nous, on doit se battre pour renverser cette machine, ce système», confie-t-elle.
La France vit encore les conséquences de l’esclavagisme et du colonialisme, affirme Assa Traoré, martelant que le pays «doit reconnaître le crime contre l’humanité qu’ont subi nos parents et nos aïeux».
«Les Noirs, les Arabes, les immigrés, les gens du voyage n’ont aucune importance aux yeux de l’État, qui se veut pourtant démocratique», juge la sœur d’Adama. «Le monde entier doit savoir que les Noirs et les Arabes n’y sont pas en sécurité. Oui, les Noirs, les Arabes, les personnes issues de l’immigration ou des communautés sont en danger… Ils meurent régulièrement du fait des violences et des coups de cette police extrêmement raciste».
Résurgence de son mouvement
Depuis la mort de George Floyd, à l’association La Vérité pour Adama, décédé en juillet 2016 au cours d’une interpellation policière, a connu un nouveau souffle.
En décembre dernier, Assa Traoré a été nommée parmi les «gardiens de l’année» du magazine Time en devenant «le visage du mouvement français pour la justice raciale».