Le Rassemblement national propose d’interdire le voile dans l’espace public

Marine Le Pen a présenté vendredi le contre-projet de son parti sur les séparatismes, ciblant précisément les «idéologies islamistes» qui sont à ses yeux «partout» et qu'elle entend bannir de toutes les sphères de la société, à commencer par le voile.
Sputnik

À l’occasion du débat sur la lutte contre le séparatisme, le Rassemblement national (RN) a présenté son contre-projet où il promet de bannir les «idéologies islamistes» et interdire le voile.

«Que reste-t-il du discours martial» d'Emmanuel Macron aux Mureaux, en octobre 2020, sur les séparatismes «qui nous avait agréablement surpris?», s'est demandé la présidente du Rassemblement national, lors d'une conférence de presse. «La montagne médiatique a accouché d'une souris législative», a estimé la candidate à la présidentielle, qui n'exclut cependant pas de voter certaines dispositions du projet de loi gouvernemental.

Marine Le Pen, qui dispose d'un temps de parole réduit à l'Assemblée en tant que non inscrite et débattra encore du sujet face au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur France 2 le 11 février, fustige surtout la «concession sémantique» d'un gouvernement qui «renonce à dénoncer l'ennemi» islamiste, «idéologie totalitaire» en «guerre totale».

«L’idéologie politique» visée

Elle assure qu'elle ne s'attaque pas à une religion mais à une «idéologie politique». «Je ne confonds pas cette idéologie totalitaire et meurtrière avec la foi islamique.»

«Le gouvernement est dans une attitude d'évitement, dans la longue tradition de nos élites gangrenées par le doute et la crainte d'un procès en "islamophobie"», avance l'auteur principal de la proposition de loi du RN, l'eurodéputé et ancien magistrat issu des Républicains Jean-Paul Garraud, dans Le Figaro.

Dans son article 1er, le texte du RN entend ainsi «interdire» la «pratique, la manifestation ainsi que la diffusion publique» - au cinéma, dans la presse comme à l'école - des «idéologies islamistes».

Mais «il ne s'agit pas de s'en prendre à la liberté de conscience», s'est défendu M.Garraud, ancien rapporteur de la loi de 2010 interdisant le voile «intégral» dans l'espace public. Il s'agit «de prohiber au for externe toute forme de manifestation publique d'opinions qui, par elles-mêmes, constituent un trouble grave à l'ordre public». «C'est déjà le cas, par exemple, du nazisme.»

Interrogé sur la constitutionnalité du texte, l'ancien magistrat a répondu qu'«avant de s'autocensurer [...] parce qu'on a peur (du) Conseil constitutionnel», il faut «d'abord mettre en place les dispositifs qui conviennent».

Le sénateur RN Stéphane Ravier a jugé «possible que demain un drapeau noir», symbole du groupe Daech* «(flotte) sur un hôtel de ville», et assuré que le texte du RN pouvait déjà s'appliquer aux élus qui «collaborent» avec l'islamisme.

Le RN ne définit pas précisément les «idéologies islamistes» mais il les caractérise par leur «incompatibilité» avec les «droits, libertés et principes» inscrits dans la Constitution, par leur «refus de respecter la laïcité de l'État» ou encore par «les facteurs de scission majeurs qu'elles induisent».

Interdiction du voile

La proposition phare du texte, mais ancienne pour le RN, vise à interdire les «tenues islamistes», comme le voile, dans tout l'espace public. Aujourd'hui, seul le voile «intégral» est interdit dans tout l'espace public. Le port du voile, comme tout signe religieux ostentatoire, est interdit à l'école, et les agents publics sont soumis au principe de «neutralité».

«Le voile est un vêtement militant qui souhaite faire sécession» d'avec la République, estime le numéro deux du RN Jordan Bardella.

Le sujet a déjà animé les débats sur le projet de loi en commission spéciale, par des amendements de députés La République en marche visant à interdire le port du voile pour les petites filles, soutenus par le RN mais refusés par le gouvernement.

Discuter