Des salariés dénoncent la «culture du viol» au sein d’une ONG antisida

Des mains sur les fesses à la coercition sexuelle, la «culture du viol» semble fleurir au sein de l’association de lutte contre le VIH Aides, dont des salariés ont livré leurs témoignages et expériences accablants à StreetPress.
Sputnik

15 salariés de l’ONG chargée de la lutte contre le sida Aides ont dénoncé auprès de StreetPress les agressions sexuelles dont ils étaient régulièrement victimes tant de la part des clients que des supérieurs hiérarchiques.

L’article du média commence avec le témoignage d’un homme qui a été chargé de faire des dépistages rapides dans une boîte de nuit gay du sud de la France.

«Un client me parle proche, puis me force à l’embrasser, je sens sa langue sur mon corps», a-t-il raconté. Le jeune homme s’est éloigné et a continué son travail, avant qu’un autre incident ne se produise. «Lorsque je prends ma pause, je vais aux toilettes et un autre client me bloque dans la cabine en me disant: "Tu ne sors pas tant que je ne t’ai pas sucé".»

Après avoir raconté sa nuit à une coordinatrice de l’ONG, celle-ci lui a répondu: «Tu savais bien pour quoi tu signais, je croyais que tu connaissais le milieu gay, moi.»

Absence de culture du consentement

La question du consentement n’a jamais été évoquée dans les brochures des campagnes de sensibilisation aux risques liés au chemsex (sexe sous stupéfiants).

«On communique sur le risque VIH des partouzes sous drogues, mais à aucun moment on tient le discours suivant: à quel point c’est OK d’avoir des relations sexuelles avec un mec complètement défoncé?», a témoigné un ancien chargé de mission.

Climat oppressant au sein de l’association

Un salarié a raconté avoir été abusé dans une chambre d’hôtel par son collègue, malgré ses réticences.

«Il s’est rapproché de moi, il m’a caressé. Je l’ai repoussé et lui ai dit non, mais il a dit qu’il ne pourrait pas dormir s’il ne baisait pas avec moi. J’étais sidéré. J’étais jeune, je ne savais pas quoi faire, alors je n’ai pas réagi, mais il a baissé son pantalon et s’est masturbé à côté de moi, sur mon lit. Je n’ai rien fait, j’ai juste attendu que ça se termine», a-t-il révélé au média.

La liberté autour du sujet du sexe régnait dans l’association, comme si travailler dans un milieu traitant du sexe obligeait à avoir un comportement déplacé, témoignent les employés.

«J’étais à peine arrivé à l’hôtel [pour une formation, ndlr] que je recevais sur Grindr [une application de rencontre gay, ndlr] des photos de bites de la part de gens que j’allais voir le lendemain pour mon travail», a raconté un salarié, licencié en février dernier pour un motif qu’il conteste.

L’envoi de dickpics, ou photographies de pénis, a été pratiqué même par la hiérarchie:

«Le formateur connaît mon visage, il a un ascendant sur moi, et pourtant je reçois deux photos de sa bite, direct. Je me dis qu’il doit se tromper, que c’est abusé, mais je décide de ne rien faire. Mais 15 minutes plus tard, il réitère en me confirmant qu’il a bien compris que c’était moi en m’envoyant: "Allez, Maël, je suis dans la chambre 22"».
Pourquoi avoir gardé le silence

Cet homme a expliqué pourquoi il a préféré garder le silence pendant des années.

«Chez Aides, il y a […] le fameux: "On sait bien ce qu’il se passe dans les chambres d’hôtel"». L’ONG «banalise et invisibilise les agressions sexuelles qui s’y déroulent», «on te fait sentir que t’as de la chance d’avoir une place dans la grande famille Aides».

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