«Vous imaginez aller vous faire vacciner dans une discothèque, qui est un lieu festif? On apporterait peu de crédit au vaccin.»
Morgan Dalle, propriétaire d’une discothèque, L’Antique Café, dans le nord la France, n’envisage pas un seul instant ce scénario.
C’est pourtant l’idée défendue par Patrick Malvaës, président du Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs (SNDLL). Dans un communiqué publié le 25 janvier, le syndicaliste propose de mettre à disposition les 1.600 établissements de métropole et d’outre-mer afin de les «transformer en centre de vaccination d’urgence pour toute la population.»
Réquisition des boîtes de nuit par les pouvoirs publics?
Sur LCI le président du SNDLL a indiqué qu’en moins de 48 heures, 723 gérants avaient répondu favorablement à cette initiative. Selon lui, ces lieux nocturnes ont l’avantage de représenter «un maillage important», «y compris dans les zones reculées, ça ne concerne pas que les villes.»
«Aucun autre commerce n’est aussi bien adapté à l’accueil d’un public avec distanciation et règles de sécurité. […] Une telle réquisition nationale paraît tout à fait naturelle», a fait valoir Patrick Malvaës dans son communiqué.
Ne pas être associé à la campagne vaccinale
Néanmoins, de là à se transformer en vaccinodrome? Hors de question, pour le patron de L’Antique Café. S’il partage effectivement l’envie «d’aider [ses] compatriotes» et «d’aider dans la lutte contre l’épidémie», il estime que ce «n’est pas une bonne pub pour nos établissements».
«Je ne peux pas prendre la responsabilité de faire la promotion d’un vaccin et de le faire injecter dans mon établissement. Mon rôle premier est de faire du commerce et non pas du sanitaire. À supposer qu’il y ait un couac avec un client à cause d’éventuels effets du vaccin, la réputation de l’établissement pourrait être détruite», argue le patron de L’Antique Café.
Au-delà d’une responsabilité morale qu’il ne souhaite pas engager, Morgan Dalle souligne que le «mélange des genres» est problématique: «on ne peut pas passer du milieu festif au sanitaire comme cela.» Or, comme il l’indique, d’autres structures sont «beaucoup plus légitimes» pour réaliser ce genre d’opération, telles que les hôpitaux et les cliniques privées.
Avec un démarrage pour le moins poussif, la France reste loin derrière de nombreux pays en termes de vaccination. Selon les chiffres compilés par Our World in Data, cités par Le Figaro, les Britanniques ont déjà vacciné 6,82 millions de personnes, contre 1,63 million pour l’Allemagne, 1,58 millions pour l’Italie ou 1,17 million pour l’Espagne. Quant à la France, ce sont 1,02 million de personnes qui ont reçu leur première injection.
Reste désormais à savoir si le gouvernement décidera d’accepter la proposition du président du SNDLL afin de donner un nouveau coup d’accélérateur à sa campagne de vaccination.