Les 90 ans de l’éléphant Babar ont été célébrés de manière insolite par France Culture qui l’accuse de faire l’apologie du colonialisme.
«Longtemps figure de la bienveillance et de la bonhomie, des relectures récentes en font ressortir des zones d’ombre: et si Babar faisait l’éloge de la colonisation?», s’interroge l’auteur de l’article.
Selon l’anthropologue Gilles Boëtsch interviewé par la radio publique, il ne faut pas «brûler» Babar, mais se rendre compte que «ces livres pour enfants ne sont plus forcément pour enfants aujourd’hui».
Les histoires de l’éléphant Babar sont sorties en 1931, une période marquée par la montée du nazisme et par le colonialisme.
«C’était l’exposition coloniale qui a eu lieu au bois de Vincennes et là c’était un très grand événement pour la politique coloniale de la France puisque ça servait à montrer toutes les réalisations qu’avait faites la France avec exhibitions, évidemment, des peuples qu’on avait colonisés», détaille le spécialiste.
«Évidemment ça rappelle les populations colonisatrices»
L’anthropologue cite davantage Tintin au Congo, qui est «quand même franchement raciste». Les deux livres pour enfants «ne sont pas sur le même plan, mais ils sont dans le même contexte», car « il y a des messages à faire passer à la jeunesse, consciemment ou inconsciemment, en particulier des messages sur la grandeur de la France.»
«Il fait penser à un Africain qui serait allé en France et qui aurait assimilé la culture française, donc la culture "coloniale" par rapport à l’Afrique, et qui serait revenu au pays avec le costume trois pièces, etc.», a commenté M.Boëtsch. «Évidemment ça rappelle les populations colonisatrices, ça c’est évident».
Le livre raconte l’histoire de Babar alors qu’il n’est encore qu’un éléphanteau. Chassé de sa forêt par un braconnier, il se retrouve en ville et adopte les coutumes des humains. Il rentre ensuite dans sa forêt et devient le roi pour apprendre alors aux autres éléphants à se «civiliser».