Les faits ont eu lieu le soir du 21 novembre 2020, quand un Algérien de 43 ans, Mohammed N., a reçu un tir de LBD qui l’a touché du côté droit du corps à Tourcoing, a-t-il révélé à Mediapart.
Ce qui s’est produit fin novembre
Vers 21h20, Mohammed a rempli l’attestation sur son portable pour «simplement faire le tour du pâté de maison», car «il lui manquait 3.000 pas pour atteindre les 10.000 pas du jour.»
Une centaine de mètres plus loin, il a reçu une balle de LBD au niveau du flan arrière droit. C’est une brigade d’«au moins sept policiers» équipés «de casques et de boucliers» qui intervenaient pour des jeunes lançant des feux d’artifice dans le quartier.
«Les policiers derrière moi m’ont dit "Avance!" Je me suis retourné en disant que je n’avais rien fait, que j’avais mon attestation», a-t-il raconté. Après qu’il a repris sa route, un projectile de LBD a été tiré sur lui à une trentaine de mètres.
«Ça fait très mal, ça m’a tétanisé», a souligné l’homme. «Ils m’ont visé. Les jeunes étaient plus loin, décalés vers la droite. Je n’arrivais pas à croire qu’on m’avait tiré dessus. Je ne sais même pas comment j’ai fait pour rentrer chez moi.»
Sur les conseils de sa femme, il a appelé police-secours pour demander la marche à suivre, et il lui a été recommandé de se rendre aux urgences. À l’hôpital, un médecin a constaté sa blessure et l’a orienté vers le service de médecine légale en vue d’un dépôt de plainte.
Deux enquêtes ouvertes
«Ma conviction est que c’est un tir gratuit sur un père de famille sans antécédents, exempt de tout reproche et nullement menaçant envers les forces de police», affirme Patrick Lambert, l’avocat qui défend Mohammed N.
Le 24 novembre, l’unité médico-judiciaire du CHU de Lille a relevé une ecchymose de 22 cm sur 9,5 cm, «compatible avec les faits allégués», et lui a attribué trois jours d’incapacité temporaire de travail (ITT).
Après un signalement à l’IGPN, la police des polices l’a recontacté pour demander des précisions.
Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Lille, tandis qu’une enquête administrative a été confiée à la cellule de déontologie de la Direction générale de la police nationale.