Qui est le général Makri nommé chef du service de renseignement extérieur algérien?

Abdelmadjid Tebboune a nommé le général Noureddine Makri au poste de directeur général de la Documentation et de la Sécurité extérieure, informe une note du ministère algérien de la Défense dont Sputnik a reçu une copie. Elle précise qu’il a été intronisé ce mercredi par le chef de l’état-major de l’armée.
Sputnik

Le général de corps d’armée Saïd Chanegriha a ce mercredi 20 janvier officiellement placé le général Noureddine Makri dans ses nouvelles fonctions de directeur général de la Documentation et de la Sécurité extérieure, indique un communiqué du ministère de la Défense nationale dont Sputnik s’est procuré une copie.

En effet, suite à sa désignation par le Président Tebboune, chef suprême des Forces armées, le chef de l’état-major de l’armée a installé «officiellement le général-major Noureddine Makri dans les fonctions de directeur général de la Documentation et de la Sécurité extérieure [service de renseignement extérieur, ndlr], en remplacement du général-major Mohamed Bouzit», informe la note.

Sa carrière

Contrairement à son prédécesseur, le général Noureddine Makri a fait toute sa carrière au sein du service de renseignement extérieur et connait de très près tous les dossiers en lien avec la situation régionale, notamment celui du conflit au Sahara occidental.

Lors d’un entretien accordé au journal Le Monde dans le contexte du limogeage en septembre 2015 de l’ex-chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général Toufik et son équipe, dont le général Makri, la chercheuse associée à l’IRIS et spécialiste du Sahara occidental Khadija Mohsen-Finan estime que leur départ s’est «répercuté sur le Front Polisario».

Cette «dynamique […] au sein du pouvoir algérien se répercute sur le Front Polisario», affirme-t-elle. «L’éviction de Toufik du DRS, qui a été rattaché à la présidence et rebaptisé Département de surveillance et de sécurité (DSS), rebat les cartes».
Pour Le Monde, «le général Noureddine Makri, alias "Mahfoud", ancien officier du DRS spécialiste du Front Polisario, a été évincé de la Direction des relations extérieures et de la coopération du ministère de la Défense nationale», favorisant ainsi «le statu quo […] qui sert une politique de fait accompli côté marocain».

Le contexte

Le retour du général Makri aux affaires intervient dans une situation tendue le long des frontières algériennes. Après la Libye et le Sahel, un nouveau foyer de tensions au Sahara occidental vient se greffer à cette situation déjà instable.

En effet, suite à l’intervention le 13 novembre des Forces armées royales (FAR) marocaines pour prendre le contrôle du passage frontalier de Guerguerat, le Président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Ibrahim Ghali, a signé un décret mettant fin à l’engagement de la RASD à respecter l’accord de cessez-le-feu avec le Maroc signé en 1991 sous les auspices de l’Onu. Il s’en est suivi la reconnaissance unilatérale américaine de la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental dans le sillage de l’accord de normalisation des relations avec Israël.

Depuis, alors que le Maroc nie toute escalade dans la région, le Front Polisario fait état pratiquement chaque jour d’opérations militaires contre les Forces armées royales (FAR) stationnées le long du mur de séparation.

Mardi 19 janvier, le secrétaire général du ministère sahraoui de la Sécurité et de la Documentation, Sidi Oukal, a affirmé lors d’une conférence de presse que l’armée sahraouie avait exécuté «510 opérations militaires contre l’armée marocaine en 67 jours de combat depuis la reprise de la lutte armée», selon l’agence Algérie presse service (APS).

Manœuvres à balles réelles

Le 18 janvier, soit deux jours avant l’installation du général Makri dans ses nouvelles fonctions, le chef de l’état-major de l’armée algérienne a supervisé des manœuvres à balles réelles dans le sud de la wilaya (région) de Tindouf, à la frontière avec le Maroc.

«L'Algérie […] mérite que son armée soit constamment à la hauteur des enjeux auxquels elle fait face aujourd'hui, qu'elle demeure éternellement libre et souveraine, et tenace face aux ennemis d'hier et d'aujourd'hui», a affirmé le général Chanegriha à l’issue des manœuvres, comme le rapporte un communiqué du ministère de la Défense.
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