Sérieusement affectées par la menace Boko Haram, certaines localités de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun doivent en plus faire face, en ce début d’année, à des attaques d’éléphants.
Menace pour les récoltes
Selon les témoignages des riverains de ces localités rapportés par la presse, un troupeau d’éléphants sorti de la réserve de faune de Kalfou, dans le Mayo-Danay, est à l’origine de ces drames. Ces pachydermes, à la recherche de nourriture, dévorent les feuilles verdoyantes de mil sur leur passage, détruisant les champs de mil et de sorgho. Une situation qui met à mal les récoltes et expose les villageois à la famine dans cette région déjà classée la plus pauvre du pays et qui subit par ailleurs les affres de la sécheresse et une crise humanitaire interminable causée par la guerre contre Boko Haram.
Le conflit homme-éléphant
Alors que l’on s’interroge sur la présence récurrente de ces animaux tout près des zones d’habitation dans ces localités, Jean David Dippah, responsable du ministère des Forêts et de la Faune à l’Extrême-Nord du pays, dans un entretien au journal d’information en ligne Koaci se veut plus précis.
«Il y a une trentaine d’années, le nombre d’éléphants était de 50 têtes dans la réserve frontalière de Kalfou, grande de 10.000 hectares, contre au moins 300 aujourd’hui», affirme-t-il.
Une situation qui pousse les pachydermes à envahir les localités avoisinantes.
L’explosion démographique et la réduction des surfaces d’habitat naturel sont à l’origine du conflit homme-éléphant (CHE), souligne un ancien conservateur du parc national de la Bénoué interrogé par Sputnik et qui a souhaité garder l’anonymat. Pour lui, le rapprochement des plantations et des aires protégées engendre des rivalités entre les hommes et les éléphants pour le contrôle de l’espace et de la nourriture. Un phénomène aux conséquences tragiques: des personnes y perdent leurs récoltes, leur bétail et parfois la vie.
Cette année, en plus de cette menace, les habitants du département du Logone-et-Chari font face aux oiseaux granivores, qui s’attaquent aux épis de sorgho aggravant le risque d’une famine sur la région de l’Extrême-Nord.
Mais si, dans la réserve de Kalfou, la population de pachydermes a progressé de façon exponentielle, ailleurs, ces animaux sont victimes de braconnage. La pratique a causé l’extinction de 70% des éléphants en 10 ans sur tout le territoire camerounais.