Au Cameroun, des éléphants tueurs d’hommes dévastent tout sur leur passage

Des éléphants sortis d’une réserve de l’Extrême-Nord du Cameroun ont tué deux hommes ce début d’année. Rôdant autour des champs à la recherche de nourriture, ces pachydermes détruisent les cultures sur leur passage. Une situation qui fait planer le spectre de la famine dans cette région, déjà classée la plus pauvre du pays.
Sputnik

Sérieusement affectées par la menace Boko Haram, certaines localités de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun doivent en plus faire face, en ce début d’année, à des attaques d’éléphants.

Cameroun: les éléphants tueurs d’Hommes
Un enfant de 13 ans en a été la victime, le 6 janvier dernier, dans le village de Goudoum Goudoum, département du Mayo-Kani. Le lendemain, un vieillard a également été tué par un pachyderme alors qu’il était en route pour sa plantation dans le département du Mayo-Danay.

Menace pour les récoltes

Selon les témoignages des riverains de ces localités rapportés par la presse, un troupeau d’éléphants sorti de la réserve de faune de Kalfou, dans le Mayo-Danay, est à l’origine de ces drames. Ces pachydermes, à la recherche de nourriture, dévorent les feuilles verdoyantes de mil sur leur passage, détruisant les champs de mil et de sorgho. Une situation qui met à mal les récoltes et expose les villageois à la famine dans cette région déjà classée la plus pauvre du pays et qui subit par ailleurs les affres de la sécheresse et une crise humanitaire interminable causée par la guerre contre Boko Haram.

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Pour les employés de la réserve de Kalfou, dans une interview accordée au quotidien Mutations du 15 janvier, «c’est la multiplication de la population de ces pachydermes et l’insuffisance des ressources vitales pour leur nutrition qui les incitent à sortir de leur habitat pour aller chercher de l’alimentation ailleurs». Des spécialistes sont attendus pour essayer de renvoyer les éléphants dans leur milieu de vie. Entre-temps, les villageois s’organisent comme ils le peuvent pour tenter de sauver leurs cultures. Mais en repoussant eux-mêmes les animaux avec des moyens de chasse archaïques, ils se mettent en danger.

Le conflit homme-éléphant

Alors que l’on s’interroge sur la présence récurrente de ces animaux tout près des zones d’habitation dans ces localités, Jean David Dippah, responsable du ministère des Forêts et de la Faune à l’Extrême-Nord du pays, dans un entretien au journal d’information en ligne Koaci se veut plus précis.

«Il y a une trentaine d’années, le nombre d’éléphants était de 50 têtes dans la réserve frontalière de Kalfou, grande de 10.000 hectares, contre au moins 300 aujourd’hui», affirme-t-il.

Une situation qui pousse les pachydermes à envahir les localités avoisinantes.

L’explosion démographique et la réduction des surfaces d’habitat naturel sont à l’origine du conflit homme-éléphant (CHE), souligne un ancien conservateur du parc national de la Bénoué interrogé par Sputnik et qui a souhaité garder l’anonymat. Pour lui, le rapprochement des plantations et des aires protégées engendre des rivalités entre les hommes et les éléphants pour le contrôle de l’espace et de la nourriture. Un phénomène aux conséquences tragiques: des personnes y perdent leurs récoltes, leur bétail et parfois la vie.

Le braconnage pourrait anéantir la population des éléphants du Cameroun
D’ailleurs, début 2020, de nombreux cas similaires d’attaques mortelles de pachydermes avaient été signalés dans les mêmes localités. En 2019, un troupeau de plus de 100 têtes avait semé la désolation dans plusieurs villages de la région. Sortis de la réserve forestière de Kalfou à la recherche de l’eau, ces éléphants avaient tout détruit sur leur passage.

Cette année, en plus de cette menace, les habitants du département du Logone-et-Chari font face aux oiseaux granivores, qui s’attaquent aux épis de sorgho aggravant le risque d’une famine sur la région de l’Extrême-Nord.

Mais si, dans la réserve de Kalfou, la population de pachydermes a progressé de façon exponentielle, ailleurs, ces animaux sont victimes de braconnage. La pratique a causé l’extinction de 70% des éléphants en 10 ans sur tout le territoire camerounais.

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