De l’incendie par les Britanniques aux émeutes pro-Trump: quand le danger a plané sur le Capitole

Réunis à Washington pour manifester en faveur de Donald Trump, ses partisans ont pris d'assaut le Capitole, interrompant le processus d’approbation des résultats des élections. La police a eu recours à du gaz lacrymogène et quatre personnes ont été tuées lors des violences. Retour sur les épisodes dramatiques émaillant l’histoire de ce monument.
Sputnik

Une vétéran de l'US Air Force et trois autres manifestants pro-Trump sont morts lors des violences de la soirée du 6 janvier, durant laquelle des partisans du Président sortant ont fait irruption dans le Capitole, provoquant la suspension de la procédure de certification des résultats de la victoire de Joe Biden.

Ce dernier a finalement été confirmé par le Congrès en tant que 46e Président des États-Unis ce jeudi 7 janvier après une session au Sénat qui a été retardée de plus de cinq heures par les manifestations.

Pourtant, ce n'est pas à la première fois dans l’histoire que le Capitole est au centre d’évènements dramatiques.

1814: brûlé par les Britanniques

En 1776, les États-Unis d'Amérique devinrent indépendants de la Grande-Bretagne et leur premier Président, George Washington, a organisé le district de Columbia dans le Maryland et engagé l'architecte français Pierre Charles L'Enfant pour dessiner les plans d’une nouvelle ville baptisée d'après le chef d’État.

L'architecte a sélectionné Jenkins Hill comme l'endroit idéal pour édifier le Capitole et l'a décrit comme «un piédestal en attente d'un monument». Le bâtiment fut achevé en 1800 et devient le siège du Sénat et de la Chambre des représentants. Mais en 1812, la guerre éclate avec la Grande-Bretagne, qui contrôle toujours le Canada, et les troupes du roi George III marchent vers le sud.

En août 1814, les troupes britanniques atteignirent Washington et incendièrent le Capitole et la Maison-Blanche, avant de se retirer.

La guerre de Sécession

L'architecte Benjamin Latrobe a supervisé la reconstruction du Capitole, mais entre 1815 et 1819, le Congrès se réunit d'abord à l'hôtel Blodgett, puis sur le site de ce qui deviendra plus tard la Cour suprême des États-Unis.

Remplacé par Charles Bulfinch en 1818, Latrobe a redessiné la partie centrale du Capitole et y a fait ériger un dôme de bois recouvert de cuivre.

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En 1851, un incendie a ravagé la bibliothèque du Congrès située dans la partie centrale ouest du Capitole et, pendant la guerre de Sécession, le bâtiment a servi de caserne, d'hôpital et de boulangerie.

Le 4 juillet 1861, le Congrès a accepté d'accorder des pouvoirs spéciaux au Président Abraham Lincoln pour qu'il mène la guerre contre la Confédération pour préserver l'Union.

En décembre 1865, après la reddition des Confédérés, le Congrès reprend sa place au Capitole et adopte le Treizième amendement, abolissant l'esclavage.

1915: explosion d'une bombe

Les États-Unis sont restés hors de la Première Guerre mondiale lorsqu'elle a éclaté en Europe à l'été 1914.

Mais le Président Woodrow Wilson a apporté un soutien non officiel à la Grande-Bretagne, mettant en colère de nombreux Américains d’origine allemande.

En 1915, Erich Münter, ancien professeur d'allemand à l'université Harvard, a placé une bombe dans la salle vide du Sénat. La déflagration a fait exploser les fenêtres et les portes sans blesser personne.

Espion du gouvernement allemand, il est également connu sous le nom de Frank Holt, s'est échappé de Washington et a posé une bombe incendiaire sur un navire américain emportant des munitions vers la Grande-Bretagne. Il a ensuite blessé par balle le magnat de la finance J.P.Morgan avant d'être finalement arrêté. Erich Münter s'est suicidé en détention.

1971: une attaque des radicaux

Au début des années 70, un certain nombre d'organisations terroristes locales étaient actives aux États-Unis, notamment le FALN, soit les Forces armées de libération nationale, des nationalistes portoricains, l'Armée de libération symbionaise (ALS), les Black Panthers et le Weather Underground.

Le 1er mars 1971, ce dernier collectif a posé une bombe dans les toilettes pour hommes du Sénat, au Capitole.

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Grâce à un appel téléphonique et un avertissement, le bâtiment avait été évacué lorsque la bombe s'est déclenchée, causant des dommages avoisinant les 200.000 dollars.

En en revendiquant la responsabilité, le groupe Weather Underground a blâmé la décision du Président Richard Nixon d'envoyer des troupes américaines et sud-vietnamiennes au Laos.

La bombe a choqué les membres du Congrès et le chef de la police du Capitole, James Powell, qui a été poussé à repenser complètement la sécurité dans le bâtiment.

1979: une manifestation d’agriculteurs

À la fin des années 1970, l'économie américaine est passée d'une crise à une autre, en partie à cause du krach pétrolier.

Début février 1979, des milliers de fermiers se sont rendus à Washington depuis aussi loin que le Texas, le Colorado et le Michigan, beaucoup d'entre eux amenant avec eux leurs tracteurs.

Pennsylvania Avenue a été bloquée avec des véhicules agricoles et la zone autour du Capitole a été surnommée Tractortown (la ville des tracteurs).

«Nous sommes enfermés ici comme un tas d'animaux dans un enclos. Nous venons ici pour essayer de faire quelque chose pour ce pays et ils nous traitent comme ça», avait déclaré un fermier du Kansas, Larry Schmitz.

Fin février, la plupart des agriculteurs avaient quitté Washington, sans aucun gain politique évident, laissant la ville avec une facture de nettoyage d'environ 1 million de dollars.

1998: un tireur tue deux policiers

Le 24 juillet 1988, un homme armé a fait la queue devant le Capitole et, arrivé à un poste de contrôle de sécurité, il a sorti son arme et abattu un policier, Jacob Chestnut.

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Un touriste a été blessé lorsque d'autres agents ont tiré sur l'assaillant, Russell Weston, qui a couru vers une porte menant au bureau du sénateur du Texas de l’époque, Tom DeLay. L’inspecteur John Gibson, qui faisait partie du service de sécurité du sénateur DeLay, a échangé des tirs avec Weston qui l’a mortellement blessé. D'autres officiers ont finalement réussi à neutraliser le tireur. Jacob Chestnut et John Gibson ont été enterrés au cimetière national d'Arlington avec tous les honneurs.

Russell Weston, un schizophrène paranoïaque, a plus tard dit aux interrogateurs qu'il essayait d'avoir accès à un «satellite rubis» qui, selon lui, contrôlait des «légions de cannibales» et était caché dans un coffre-fort au Sénat. Russell Weston, aujourd'hui âgé de 64 ans, demeure dans un hôpital psychiatrique de haute sécurité.

Article préparé par Chris Summers

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