«Les ressortissants algériens souffrent. Beaucoup d’entre eux n’ont pas pu dire au revoir à des membres de leurs familles qui sont décédés», déplore au micro de Sputnik Obka, un citoyen algérien souhaitant rejoindre sa terre d’origine.
Comme beaucoup de ses concitoyens, celui-ci affirme avoir été trompé par la bureaucratie de son pays. De concert avec l’appareil diplomatique algérien, la compagnie nationale Air Algérie a lancé, du 23 décembre 2020 au 31 janvier 2021, une large entreprise de rapatriement des nationaux algériens vers leur terre d’origine. L’État algérien avait promis à ses nationaux la réouverture temporaire de ses frontières, le temps d’organiser un rapatriement.
Cette opération concerne à peu près 25.000 individus, d’après les listes officielles mises en place par les consulats d’Algérie en France, en Espagne et en Allemagne, mais aussi au Canada et aux Émirats arabes unis. Un chiffre en deçà des attentes de ces nationaux algériens, en particulier en France, selon plusieurs ressortissants.
Des consulats débordés par les demandes de rapatriement
Tout avait pourtant l’air simple. D’après les autorités algériennes, les ressortissants souhaitant se rendre dans leur pays pouvaient s’inscrire auprès du consulat le plus proche de leur lieu de résidence. L’administration devait ensuite les contacter pour leur indiquer la date de leur retour, leur permettant ainsi d’acheter leur billet d’avion dans le cadre des vols prévus dans l’opération de rapatriement. Mais cette dernière est loin d’être un long fleuve tranquille.
«Je suis allé au consulat de Marseille pour faire ma demande de résiliation de carte consulaire en vue d’un déménagement en Algérie, dans le laps de temps prévu par l’opération d’Air Algérie. Je n’ai même pas pu entrer dans le consulat, car celui-ci a fermé ses portes du fait des trop nombreuses personnes souhaitant déposer leurs dossiers», explique Obka d’un ton résigné.
Ce citoyen algérien n’est qu’un parmi de nombreux nationaux algériens qui ont dénoncé une gestion opaque et incompréhensible de cette opération de rapatriement. Et ce, malgré le lancement d’une plate-forme numérique par la compagnie aérienne nationale, supposée faciliter le travail des autorités.
Un rapatriement au prix fort
Ceux qui ont bravé les files interminables des différents consulats se sont pourtant heurtés à la bureaucratie. Comme Farah, une jeune Algérienne dont le dossier est désormais «introuvable».
«Il a dû finir à la poubelle, c’est une honte», suspecte la ressortissante algérienne.
Les cas semblables à ceux de Farah et d’Obka sont légion. Et pour les plus chanceux d’entre eux, qui ont réussi à déposer leurs dossiers et qui ont reçu un appel du consulat, les prix des billets qu’ils sont priés d’acheter peuvent monter jusqu’à 350 euros pour les vols depuis Paris, «un tarif exorbitant pour une opération de rapatriement», déplore, fataliste, Obka. Près du double en effet des prix moyens.
Les frontières algériennes étant fermées la majeure partie du temps depuis le début de la pandémie de coronavirus, cette opération de rapatriement n’ouvre qu’une très petite fenêtre aux ressortissants algériens pour rentrer chez eux.
Dans la presse algérienne, le récit filmé d’un vieil homme, fragile, qui a déposé deux dossiers sans réponse a été partagée par le ministre de l’Émigration Noreddine Belmeddah. L’histoire de ce vieillard Malentendant et fatigué qui attend toujours son rapatriement a suscité l’émoi et la colère chez les Algériens en Algérie et à l’étranger.
Des places sur listes de rapatriement monnayées?
Le mécontentement est tel que les ressortissants lésés accusent certains officiels de s’octroyer une rémunération supplémentaire. Certains affirment que des fonctionnaires iraient jusqu’à échanger des places sur les listes de rapatriement contre des sommes pouvant aller jusqu’à 300 euros.
Des procédés qui seraient monnaie courante depuis le début de l’opération de rapatriement. L’administration algérienne, de son côté, nie en bloc tout dysfonctionnement dans l’opération de rapatriement. Les appels que nous avons passés aux consulats algériens à Paris et à l’ambassade sont restés lettre morte.