Sur demande du gouvernement saoudien, l’administration américaine est en train d’étudier la possibilité d’accorder l’immunité judiciaire au prince héritier Mohamed ben Salmane, avant que Donald Trump ne quitte la Maison-Blanche le 20 janvier prochain, rapporte le Washington Post.
L'immunité, «c'est comme délivrer un permis de tuer»
Khalid al-Jabri, le fils aîné de Saad et porte-parole de la famille dans cette affaire, a affirmé au Washington Post qu’un éventuel soutien de l’administration américaine à Mohamed ben Salmane, en lui accordant l’immunité judiciaire, «donnerait le feu vert à de nouveaux complots d'assassinat».
«Si cela lui est accordé, les États-Unis offriront essentiellement l'immunité à Mohamed ben Salmane pour sa conduite qui lui a permis de tuer Jamal Khashoggi, sans réussir, pour l’instant, à assassiner mon père», a-t-il déclaré. «Le manque de responsabilité [du prince saoudien, ndlr] est une chose, mais lui permettre l'impunité grâce à l'immunité, c'est comme lui délivrer un permis de tuer», a-t-il souligné.
Une immunité US est-elle possible avec Biden?
En août, Saad al-Jabri avait reproché à Mohamed ben Salmane d’avoir ordonné «son assassinat au Canada, 13 jours seulement après la mort de Jamal Khashoggi et ce, en raison de documents secrets qu’il affirme détenir et qui relatent l’ascension du prince au pouvoir», indique le Washington Post.
Donald Trump avait bloqué les efforts du Congrès pour censurer le gouvernement saoudien et réussi à éviter toute critique à l’égard du royaume concernant des violations présumées des droits de l'Homme, notamment après la mort de Khashoggi.
Cependant, selon le journal, Il sera plus difficile pour l'Arabie saoudite de persuader les États-Unis d'accorder l'immunité judiciaire à l’héritier du trône une fois que Trump quittera ses fonctions.
«Le Président élu Joe Biden a déclaré qu'il "allait réévaluer" les relations des États-Unis avec l’Arabie saoudite et a condamné le meurtre de Khashoggi», conclut le Washington Post.
Riyad réagit
Lors d’une plaidoirie à la Cour fédérale de Washington, les avocats du prince saoudien ont réfuté les allégations de Saad al-Jabri, l’accusant d’avoir porté plainte pour fuir la justice saoudienne qui le soupçonne du détournement de 11 milliards de dollars destinés à la lutte antiterroriste.
«Les lacunes de cette plainte sont si apparentes et si profondes qu’elles ne peuvent être considérées que comme une tentative de détourner l’attention du vol massif commis par le plaignant», ont-ils affirmé, selon le journal. « Cette affaire ne concerne pas la cour fédérale», ont-ils ajouté.