L’enquête d’Alexeï Navalny sur son intoxication présumée représente une provocation visant à discréditer le Service fédéral de sécurité russe (FSB), a déclaré ce lundi 21 décembre le Centre des relations publiques de l’agence gouvernementale.
Selon le centre, la soi-disant enquête de M.Navalny «n’aurait pas été possible sans une assistance logistique et technique de services secrets étrangers».
La vidéo d’une «conversation téléphonique» postée par l’opposant russe est un faux, souligne le FSB.
«Substituer un numéro d'abonné est une technique bien connue des services spéciaux étrangers qui a été déjà utilisée plus d'une fois dans des actions contre la Russie et qui exclut la possibilité d'identifier de vrais participants à la conversation», a précisé le FSB, promettant de mener sa propre enquête à ce sujet.
L’«enquête» de Navalny
En décembre, Alexeï Navalny, créateur du Fonds russe de lutte contre la corruption (FBK), et plusieurs médias dont CNN, le Spiegel et le groupe Bellingcat ont simultanément publié un rapport qui confirmerait que le blogueur russe aurait été la cible de plusieurs tentatives d’empoisonnement. Ses auteurs accusent «des officiers du FSB», sans pour autant fournir de preuves d'actions spécifiques de ces personnes. En effet, le rapport n'établit aucun contact direct entre ces agents et Alexeï Navalny, non plus que de preuve d'un ordre donné ou d'un passage à l'acte.
Cette hypothèse repose sur des données téléphoniques qu’il est impossible d’obtenir ou de vérifier de manière légale. M.Navalny affirme également que les médecins russes, qui l’ont soigné à Omsk, ont fait de fausses déclarations sur son diagnostic.
Commentant la publication du rapport, Vladimir Poutine a estimé que ce n’était pas une enquête, mais une tentative de «légaliser le travail des services secrets américains». Selon lui, il s’agit d’un «truc de lutte politique».
Affaire Navalny
Le 20 août, l’avion de ligne qui transportait Alexeï Navalny de Tomsk à Moscou a dû se poser en urgence à Omsk après que l’opposant a fait un malaise. Ce dernier a été hospitalisé en soins intensifs à l’hôpital N°1. Les médecins n’ont pas trouvé de traces de toxines dans le sang ni dans l’urine de leur patient, mais ont constaté un trouble métabolique qui a provoqué une forte baisse de sa glycémie. Deux jours plus tard, les soignants, qui avaient d’abord jugé que M.Navalny n’était pas transportable, ont autorisé son transfert en Allemagne à la demande se ses proches.
Or, il est de notoriété publique que le Service fédéral de renseignement (BND) allemand avait accès à du Novitchok depuis les années 1990. En outre, une vingtaine de pays occidentaux, notamment le Royaume-Uni, la Suède, les États-Unis et la République tchèque ont étudié cette substance. Pour ce qui est de la Russie, elle a arrêté, conformément au décret présidentiel de 1992, les développements dans le domaine des armes chimiques avant de détruire, en 2017, l’ensemble des stocks de ces substances, ce qui a été confirmé par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
Le 7 septembre, les médias ont annoncé qu’Alexeï Navalny allait mieux et, le 22 du même mois, il a quitté l'hôpital. Actuellement, il est en convalescence et reste en Allemagne.