Soljenitsyne a pressenti le «déclin du courage» occidental, selon le magistrat Philippe Bilger

Philippe Bilger a salué les intuitions de l’écrivain russe Soljenitsyne qui avait pressenti le «déclin du courage» en Occident. Dans un article pour Causeur, le magistrat fustige notamment la «pusillanimité» d’Emmanuel Macron, qu’il voit comme symptomatique de cet état de fait.
Sputnik

L’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, célèbre pour avoir témoigné des horreurs du Goulag, a aussi eu raison de diagnostiquer le «déclin du courage» en Occident, affirme le magistrat Philippe Bilger dans les colonnes du mensuel Causeur.

Dans un discours devant les étudiants de Harvard en 1978, le prix de Nobel de littérature russe avait en effet mis en garde contre la «faiblesse» et l’«irrésolution» des élites occidentales qu’il voyait déjà se profiler.

Presqu'un demi-siècle plus tard, les prophéties de Soljenitsyne semblent avoir pris chair selon Philippe Bilger, qui voit dans ce déclin du courage «la plaie fondamentale de notre pays, de ses pouvoirs et de sa démocratie».

«Soljenitsyne avait tout prévu et je n’ose imaginer la stupéfaction indignée de ce héros du XXe siècle face à l’état de l’Occident, au délitement de la France. Quarante-deux années ont passé depuis son discours de Harvard et son pessimisme d’alors est devenu la lumière sombre de notre temps», écrit-il dans Causeur.

Une perte de courage que le magistrat constate notamment dans le débat public, où certains en arrivent à renier leurs convictions, «parce que la polémique […] donne mauvaise conscience». Philippe Bilger dénonce également ceux qui professent une «liberté à géométrie variable» selon leur interlocuteur, et sacrifient la vérité à la «bienséance».

Le symptôme du «en même temps»

L’avocat général voit encore dans la logique du «en même temps» utilisée par Macron un symptôme de ce courage dévoyé. Selon lui, le chef de l’État est «aux antipodes du courage», lorsqu’il masque sous des apparences de subtilités son incapacité à «assumer ses choix et leurs conséquences». Le magistrat devine ainsi chez le Président un «désir pusillanime de se renier», incompatible avec la vertu prônée par Soljenitsyne.

«Quand le Président de la République, effrayé par ce qu’il a pourtant initié ou déclaré – par exemple pour l’écologie avec la convention citoyenne, contre la police lors de l’entretien sur Brut – dès le lendemain cherche à se sauver la mise, il est aux antipodes du courage», poursuit-il.

Une vertu trop exigeante?

Phillipe Bilger voit un autre signe de déclin du courage dans la perte d’autorité de l’État, qui se borne désormais à donner des «coups de menton» et refuse de «s’accommoder du réel».

Mais au-delà de la «frilosité politique», ce sont tous les secteurs de la société, depuis la justice jusqu’aux médias, qui ont fui «cette splendide vertu», trop exigeante pour les démocraties occidentales, souligne le magistrat.

Enfin, l’avocat général se demander si la France n’a pas fait pour toujours «son deuil du courage», comme le présentait l’auteur de l’Archipel du Goulag dès 1978.

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