Des militaires de l’Armée populaire de libération (APL) ont récemment mené un exercice dont le but était de simuler une bataille de rue contre un ennemi imaginaire. D’après le quotidien hongkongais South China Morning Post, l’APL s’entraîne ainsi à une possible invasion de l’île de Taïwan.
La Télévision centrale de Chine (CCTV), qui a diffusé les images des manœuvres, informe qu’elles ont été menées par des militaires du 72e groupe d'armées de l’APL basé à Huzhou, dans la province du Zhejiang, et supervisées par le commandement du théâtre de l’Est. Des véhicules de combat d'infanterie Type 04 et des chars Type 96A ont également été déployés.
Le scénario de l’exercice
La CCTV précise que l'exercice visait à aider les soldats à perdre «certaines mauvaises habitudes» laissées par les exercices traditionnels menés en montagne.
Le scénario simulé mobilisait 230 soldats et 30 chars formant une équipe rouge et représentant l'APL qui tente d'attaquer un complexe urbain défendu par une équipe bleue comprenant 70 soldats et six chars.
À l'abri des chars et des véhicules amphibies, l'APL s’empare de la ville en un peu moins de trois heures après avoir enlevé mines terrestres, barrages routiers et autres obstacles posés par l'armée bleue.
Ce qu’en pensent des experts militaires
L'expert militaire taïwanais Chi Le-yi, cité par le quotidien hongkongais, souligne que ces dernières années, les exercices de combat de rue est l'entraînement principal du 72e groupe d'armées.
«Le Type 96A de 45 tonnes est capable de se battre dans un paysage compliqué à Taïwan, rempli d'innombrables rivières, montagnes et ponts. […] Le véhicule militaire Type 04 pourrait fonctionner avec le Type 96A, car c’est un char léger capable de traverser les rivières et les collines intérieures», estime-t-il.
Mais Chi Le-yi avertit qu’il n’est pas facile de simuler le paysage complexe de Taïwan et que personne ne peut mieux connaître l’île que les militaires.
Pour Song Zhongping, expert militaire de Hong Kong, la récente «bataille de rue» diffusée par la CCTV a pour but d’envoyer un avertissement aux forces indépendantistes de Taïwan.
Les préparatifs d’une guerre?
Les relations entre Taipei et Pékin se sont détériorées après que le Département d’État américain a approuvé cet été les ventes d’armes américaines à Taïwan qui se dotera de missiles Patriot et modernisera ses chasseurs F-16. En réponse, Pékin a mis en place des systèmes de défense russes S-400, capables de détecter et de détruire des missiles jusqu’à 600 kilomètres.
Le 10 octobre, l’Armée populaire de libération a effectué un vaste exercice de simulation d’invasion de l’île, incluant des manœuvres sur terre, en mer et dans les airs. Cinq jours plus tard, lors de sa visite du corps des marines dans le sud-est, le Président Xi Jinping a déclaré que ses soldats devaient «concentrer leurs efforts sur la préparation à la guerre» et «maintenir un état d’alerte élevé».
En 2019, il avait déjà prononcé un discours évoquant une «réunification par la force» de Taïwan en cas de rapprochement avec Washington.
Fin novembre, après la visite d'un amiral de la marine américaine à Taïwan, Pékin a promis de prendre, «en fonction de l'évolution, les mesures légitimes et nécessaires» si Taïpei et Washington poursuivent leur coopération militaire.