La communauté burundaise en Russie s’inquiète et s’adresse de nouveau aux autorités russes qui demeurent silencieuses après l’assassinat en octobre 2020 de Jolivet Makoroka, étudiant de l’université d’État de construction de Moscou et en novembre 2020 d’Égide Nkengurutse, étudiant en master à l’Institut d’économie de Moscou.
«Un silence qui inquiète»
Les deux meurtres survenus en moins de trente jours se produisent un an après la mise à mort de Prosper Harerimana, un étudiant burundais, dans la ville russe de Kolomna. Aucun suspect n’a été arrêté depuis. Édouard Bizimana, l’ambassadeur du Burundi en Russie, confie n’avoir pratiquement plus de contact avec les enquêteurs.
«Sur le cas de l’année passée, on a eu des échanges avec les autorités russes qui disaient avoir quelque chose à vérifier. Or, jusqu’à maintenant, nous n’avons pas eu de nouvelles. Nous ne savons même pas si ces vérifications sont en cours ou ont été arrêtées. Pour le cas d’Égide Nkengurutse, on nous a donné le numéro du dossier. Nous ne savons pas ce qui se passe. C’est ce silence qui inquiète.»
Les affaires étant en cours d’instruction, l’ambassade n’arrive pas à récupérer les biens de ces étudiants, qui sont toujours aux mains des enquêteurs. Édouard Bizimana explique que les deux victimes avaient des comptes dans différentes banques et que l’étudiant assassiné l’an dernier à Kolomna avait même un véhicule. Chaque fois, les familles posent des questions et l’ambassadeur n’a aucune réponse à leur apporter, car les autorités chargées des enquêtes ne livrent aucune information.
Le racisme en cause?
La diplomatie burundaise est persuadée que les trois étudiants n’ont pas été victimes de ces violences à cause de leur nationalité. En effet, l’ambassadeur confirme que des ressortissants d’autres pays ont été victimes d’actes similaires. En revanche, il n’hésite pas à invoquer le racisme.
«Je pense que ça a pu avoir un lien avec le racisme parce que, sur le lieu de l’assassinat de Jolivet Makoroka, près de l’université, il y avait des signes et des dessins qui pourraient désigner une appartenance à un mouvement nationaliste. C’est par rapport à ça aussi que les autorités russes doivent s’impliquer. Car, s’il s’agit de cette idéologie, c’est un mal plus profond.»
«Restez sereins»
Édouard Bizimana conjure les Burundais de Russie de rester unis et confiants. Il souhaite qu’ils restent sereins et continuent à travailler «parce qu’ils sont là pour acquérir des connaissances». L’ambassade promet de rester en contact avec les autorités russes et universitaires pour «que la sécurité soit assurée».
«Les autorités russes doivent comprendre que notre démarche ne vise pas à leur nuire. Nous comptons aider à éclaircir la situation tout en préservant les bonnes relations qui lient nos deux pays. Les criminels doivent être arrêtés, traduits devant la justice et punis. Cela dissuadera d’autres malfaiteurs de les imiter.»