Avant l’heure, c’est pas l’heure, mais après l’heure, c’est plus l’heure. Un an et demi avant le grand rendez-vous électoral du pays, la désignation du candidat qui regroupera sous son aile la droite pour 2022 se fait pressante.
Ce 16 décembre, le bureau politique des Républicains (LR) se réunissait pour mettre au vote la proposition de Christian Jacob, président du parti, visant à définir dans les mois à venir «si besoin en était, les modalités d’un système de départage». En d’autres termes, le parti acte officiellement qu’en l’absence de «candidat naturel» sorti du rang et reconnu par son camp, la primaire se chargerait de mettre tout le monde d’accord à partir du mois de juin.
«Un accord a été trouvé, et je m’en félicite, se réjouit Bruno Retailleau au micro de Sputnik. Pour la première fois, dans le texte qui a été voté à l’unanimité, l’utilité de la primaire a été reconnue. C’est une grande avancée pour ma famille politique.»
Une exigence concédée par le parti au patron des sénateurs LR qui avait, ces derniers mois, milité pour l’organisation d’une primaire à un tour à droite. En face, Christian Jacob était déterminé à reporter tout débat autour de la primaire jusqu’aux élections régionales et départementales, au mois de juin prochain. L’intervention de Gérard Larcher, président du Sénat, aurait été visiblement déterminante dans cette conciliation de positions antagonistes.
D’ici là, Christian Jacob «continuera les consultations avec les différentes personnalités et sensibilités représentatives de la droite et du centre» afin qu’un prétendant soit trouvé «en vue de la désignation de notre candidat qui incarnera l’alternance face à Emmanuel Macron», peut-on lire dans le communiqué.
Deux hypothèses pour un seul scénario
Les couteaux ne sont donc pas de sortie à droite. Pour le moment, tout au moins. Si la date de juin est fixée, le mode de désignation est donc encore inconnu et dépendra des résultats des élections régionales. Deux scénarios sont désormais envisagés, comme l’indique le document voté par le bureau politique. Si un candidat s’affirme et se dégage de la mêlée d’ici l’échéance fixée, l’idée de la primaire sera évacuée. Si ce n’était pas le cas, le système de départage (autrement dit, la primaire) sera soumis en Congrès aux militants LR afin que le choix du candidat intervienne six mois avant l’élection présidentielle. Selon cette configuration, le premier tour de l’élection ayant lieu au mois d’avril, le parti devra avoir sélectionné son candidat à la fin du mois d’octobre 2021.
La décision votée mercredi matin va dans le bon sens, selon le député vendéen. Pour lui, le plus important, c’est que dès maintenant, «un groupe de travail puisse se mettre à la préparation de ce système d’arbitrage». Notre interlocuteur peut d’ailleurs compter sur les statuts du parti, puisque leur article 38 ne souffre d’aucune ambiguïté: «Le candidat à la présidence de la République soutenu par le mouvement est désigné à l’occasion d’une primaire ouverte à l’ensemble des citoyens adhérant aux valeurs de la République et se reconnaissant dans les valeurs du mouvement.»
Ne pas reproduire un nouvel échec en 2022
Chez les Républicains, le souvenir de l’échec de François Fillon au premier tour de la présidentielle, candidat victorieux d’Alain Juppé à la primaire en 2016, a laissé un goût amer. La primaire n’a pas forcément bonne réputation et a renvoyé l’image d’une élection présidentielle à quatre tours pour les partis qui jusque-là gouvernaient la France.
Bruno Retailleau refuse pourtant un tel «raccourci»: «Si François Fillon, malgré ses affaires, a réussi à faire 20% au premier tour, c’est certainement grâce à cet élan offert par la primaire.»
«Faire croire que notre échec en 2017 est dû à ce modèle de désignation, c’est une aberration! En réalité, elle a été une grande réussite, même si j’invite à faire une primaire sans doute différente, à un tour, avec un statut du sympathisant, plus apaisée et la plus ouverte possible afin de rassembler et créer un élan collectif», assure Bruno Retailleau.
Ainsi, l’avenir de LR tournera-t-il ces prochains mois autour d’une bien épineuse question: à partir de quand peut-on dire qu’un candidat s’impose «naturellement»?