Fêtes clandestines: une réponse à la «tyrannie sanitaire» qui pourrait déboucher sur des «soulèvements populaires»?

Depuis le début de la crise sanitaire et à la suite des mesures coercitives prises par le gouvernement pour tenter d’endiguer la propagation du virus, les fêtes illégales se multiplient sur tout le territoire. Le sociologue Michel Maffesoli analyse pour Sputnik ce «festin en temps de peste».
Sputnik

Jusqu’au bout de la nuit en dépit des mesures anti-coronavirus! Le week-end dernier, de nouvelles soirées clandestines ont eu lieu dans plusieurs villes françaises, dont Strasbourg et Marseille. Ainsi, dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 décembre, les policiers sont intervenus dans le 14e arrondissement de Marseille. Ils ont évacué environ cinq cents personnes «sans incidents».

Une soirée clandestine réunit 500 personnes à Marseille - vidéo
À Strasbourg, les forces de l’ordre ont également interrompu une soirée clandestine réunissant une centaine d’invités. Plus cocasse, en Belgique, cinquante-six bambocheurs, dont la plupart étaient français, ont été contrôlés lors d’une partie fine avec escort-girls et gaz hilarant organisée pour un anniversaire. Bilan: vingt-deux interpellations. Enfin, plus d’une centaine de fêtards ont été verbalisés pour non-respect des mesures de confinement à Asnières.

Des formes de résistance

Si le week-end a été mouvementé, ce type d’évènements n’est pourtant pas nouveau. Depuis le début de la crise sanitaire, de telles festivités se sont répandues en réponse aux divers dispositifs anti-COVID, notamment le confinement. Comment expliquer ce besoin impérieux de faire la fête et de se réunir?

Interrogé par Sputnik, Michel Maffesoli, sociologue et auteur notamment du «Temps des tribus» (éd. de la Table ronde, 2000), estime «qu’il y a une espèce de tyrannie sanitaire» qui entraîne «des formes de résistance». Il pense même que, dans les prochains mois, on pourrait voir éclater des «soulèvements populaires» aujourd’hui «en gestation».

«C’est une réaction saine face à cette espèce de confinement qui ne correspond pas fondamentalement à l’évolution de nos sociétés», analyse Michel Maffesoli.

Pour le sociologue, ces mesures coercitives seraient un «combat d’arrière-garde de l’oligarchie politico-médiatique», qui cherche à «préserver les grandes valeurs modernes», à savoir «l’individualisme, l’enfermement en soi

«Selon moi, on est en train de vivre la  fin d’une époque, de la modernité. Néanmoins, cette oligarchie veut maintenir ces valeurs modernes, l’isolement est une de ces valeurs modernes», décrypte-t-il.

En réaction, «il y a une santé populaire qui va prendre le contre-pied de cela», observe le sociologue.

Vers une augmentation des transgressions des mesures sanitaires?

«Les prémices et les indices, ce sont ces rassemblements festifs. Cela va être des transgressions par rapport aux limitations concernant les rassemblements familiaux, amicaux, de Noël ou du premier de l’an», poursuit-il. Si des mesures telles que le couvre-feu devaient perdurer, pourrait-on assister à une désobéissance de plus en plus importante de la part des Français?

«Il va y avoir une multiplicité de réactions, à mon sens. Peut-être que je me trompe, mais il suffit d’ouvrir les yeux pour se rendre compte qu’il y a un ras-le-bol qui se manifeste de diverses manières.  […] Il y a une insurrection contre cette espèce d’asepsie de la vie sociale», détaille Michel Maffesoli.

Fêtes clandestines, un acte de «résistance» face aux «restrictions des libertés fondamentales»?
L’un des organisateurs des nombreuses fêtes clandestines géantes qui se sont tenues en région parisienne depuis septembre écrivait, d’ailleurs, sur son compte Facebook que «danser est notre plus belle manière de résister».

Pourtant, pour les autorités, ce type d’événement risquerait de créer des clusters. Le maire de Joinville, Olivier Dosne, parlait même d’«acte criminel» à propos d’une soirée qui avait réuni plusieurs centaines personnes dans un pavillon de sa commune.

«De mon point de vue, c’est l’élite déconnectée du peuple qui veut rester sur cette valeur de l’enfermement. Comme ils sont au pouvoir, ils édictent des lois d’enfermement, au nom d’un virus qui existe, mais on ne peut pas nier que c’est lui accorder une importance démesurée et de s’en servir comme prétexte», affirme le sociologue.

D’après Michel Maffesoli, il s’agit d’une «stratégie de la peur», de la part du pouvoir.

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