Après 14 années de recherche, l’archéologue français François Desset du laboratoire Archéorient à Lyon a annoncé fin novembre avoir complètement déchiffré l’élamite linéaire, écriture utilisée entre 2300 et 1900 avant J.-C. sur le territoire de l’Iran actuel, écrit Sciences et Avenir.
D’après le scientifique, le déchiffrement de l’écriture en question, qui restait un mystère depuis 129 ans, permet de voir sous un autre angle l’histoire des peuples qui habitaient le plateau iranien à cette époque, ainsi que l’évolution de leurs langues.
«Je peux aujourd’hui affirmer que l’écriture n’est pas d’abord apparue en Mésopotamie puis en Iran: ces deux systèmes, le protocunéiforme mésopotamien et le protoélamite iranien, ont en fait été contemporains! Il n’y a pas eu une écriture mère dont le protoÉlamite serait la fille, il y a eu deux écritures sœurs», explique-t-il au média.
Ainsi, le plateau iranien peut désormais être considéré au côté de la Mésopotamie comme l’un des berceaux de l’écriture.
À la différence du cunéiforme mésopotamien qui marie phonogrammes, signes transcrivant des sons et logogrammes servant à transcrire des choses et des mots, l’élamite linéaire est une écriture purement phonétique: il a des signes pour des syllabes, des consonnes et des voyelles.
Textes déchiffrés
Le déchiffrement a été fait sur la base de l’analyse d’une quarantaine de textes dont certains proviennent du sud de l’Iran, depuis l’antique ville de Suse. Dans la plupart des cas, il s’agit d’inscriptions royales destinées à d’anciens dieux. La première percée a été faite en 2017 lors de l’étude d’un corpus de huit textes rédigés sur des vases en argent. L’archéologue avait alors repéré dans des séquences répétitives des signes servant à noter les noms de deux souverains, Shilhaha et Ebarti II, ainsi que celui d’une divinité: Napirisha.
Ses travaux se sont terminés en 2020. À titre d’exemple, François Desset cite cette traduction d’une inscription gravée sur un vase qui se trouve au Musée national de Téhéran: «À la dame de Marapsha [toponyme], Shumar-asu [son nom], j’ai fait ce vase en argent. Dans le temple qui sera célèbre par mon nom, Humshat, je l’ai déposé en offrande pour toi avec bienveillance».
L’archéologue français estime que cette découverte permet «d’accéder au propre point de vue des hommes et femmes» qui n’étaient auparavant connus que grâce aux textes de leurs voisins mésopotamiens.