«Quand l'un était fatigué, un autre prenait la relève»: Michel Zecler donne plus de détails sur son agression

Après son interpellation qui a conduit à la mise en examen de quatre fonctionnaires, Michel Zecler a décidé dans l’émission Sept à Huit de LCI de fournir plus de détails sur ces violences subies le 21 novembre au soir.
Sputnik

Invité dans l’émission Sept à Huit de LCI, le producteur de musique Michel Zecler, roué de coups le 21 novembre par des policiers, raconte ces instants.

Devant la porte d’entrée de son studio d'enregistrement parisien, il dit avoir «senti une présence derrière lui», à savoir une personne en civil.

«"Sors", c'est ce qu'il me dit, "sors". Un deuxième policier arrive très rapidement, lui habillé en uniforme. Puis un troisième qui le suit tout de suite derrière. Ils essaient de me tirer à l'extérieur», relate-t-il.

Sans comprendre ce qui se passe, il leur lance: «Messieurs, vous êtes chez moi, c'est un lieu privé. Vous n'avez pas le droit d'être là», mais ils lui lâchent «ta gueule» en l’insultant de «sale nègre».

«Ils ont la rage»

C’est à ce moment-là que les agents se sont livrés à un tabassage en lui assenant des coups de pied dans les tibias, des coups de poing au visage, un coup de tête, des coups de matraque sur la tête.

«Quand l'un est fatigué de me mettre des coups, l'autre prend la relève. C'est très clair. Ils ont la rage. Vous savez quand vous regardez dans les yeux de quelqu'un. Et quand il y a un petit moment de pause, ce que je leur dis, moi, c'est "pourquoi? Qu'est-ce que j'ai fait? Pourquoi vous faites ça? Arrêtez messieurs. Pourquoi vous faites ça?"»

«Appelez la police»

Profitant de quelques secondes de distraction causées par un appel, Michel Zecler réussit à ouvrir la porte pour crier de toutes ses forces «Appelez la police» aux musiciens au sous-sol en train de répéter.

«Dans mes studios, ici, il y a trois portes qui nous séparent, c'est insonorisé. Donc, en vrai, je crie, je m'épuise, mais au final quand ils referment la porte, je perds tout espoir. Je me dis, bon, ils ne vont pas m'entendre.»

«Non, je ne sors pas, j'ai peur»

Préoccupés pourtant par les bruits à l'étage, les musiciens montent les escaliers en réussissant ensuite à se retrancher avec Michel Zecler à l'intérieur. Arrivées en renfort, des patrouilles de police lancent une bombe lacrymogène pour les en extraire.

«Là je réfléchis. Je me dis "ohlalalala", ils pensent que je suis armé. Je dis "non, je ne sors pas, j'ai peur". Là, il y en a un qui dit "sors alors". Le "sors alors" est beaucoup moins agressif que tout le reste. Et là, je me dis, bon, je vais sortir», confie-t-il.

La violence recommence

Après que le producteur et ses musiciens sortent, la violence recommence. Le groupe est finalement conduit au commissariat. Les musiciens sont vite libérés alors que lui est placé en garde à vue pour «violence sur personne dépositaire de l'autorité publique».

«Ça veut dire que là, il y a tout le monde, leurs collègues, et ça me vanne un petit peu. "Moi j'ai 25 ans, je t'ai pété la gueule". Il a dit ça devant ses collègues. Ils n'ont rien dit, c'est vrai ils n'ont rien dit,» déclare-t-il.

La violence fait scandale

Cette violence policière a engendré de nombreuses réactions en France, provoquant même un sentiment de «honte» d’Emmanuel Macron. Un juge d’instruction a mis en examen dans la nuit de dimanche 29 novembre à lundi 30 novembre les quatre policiers impliqués, dont trois l’ont été pour «violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique (PDAP)» et «faux en écriture publique».

Le policier soupçonné d’avoir jeté la grenade lacrymogène a été mis en examen plus tôt dans la soirée, principalement pour des «violences volontaires» par PDAP sur Michel Zecler et sur les neuf jeunes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio.

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