Invité le 30 novembre sur BFM TV, Edwy Plenel est revenu sur l’interpellation par la police du producteur noir Michel Zecler, survenue dans la nuit du 21 au 22 novembre à Paris.
Le journaliste a affirmé qu’auditionné à l’Assemblée nationale, Gérald Darmanin «a menti sur Michel Zecler»:
«Il a dit: "les vidéos, nous ne les avions pas avant que Loopsider ne les sorte jeudi". C'est faux! Elles ont été déposées par l'avocate de Michel Zecler lundi et le parquet en les voyant a classé l'affaire, et a du coup décidé d’ouvrir les poursuites» contre les policiers, a fait valoir le cofondateur de Mediapart.
En effet, intervenant hier devant les parlementaires, le ministre de l’Intérieur a avancé qu’il fallait «attendre mardi pour que le procureur de la République saisisse l’IGPN pour une enquête», puisque «le ministre de l'Intérieur, le Préfet de police, le directeur national de la Police nationale, n'ont pas eu accès à ces images». Et de conclure que les vidéos n’ont été diffusées que par «le site informatif que nous connaissons», soit Loopsider.
Edwy Plenel s’est ensuite interrogé sur ce «qu’a fait M.Darmanin» face à cette affaire:
«Tout ça se passe le lundi et le mardi. Est-ce qu'il a suspendu quelqu'un? Non, il n'a suspendu personne.»
Et de souligner également le manque de réaction des forces de l’ordre:
«Dans la deuxième vidéo où il y a entre 15 et 20 policiers, il n'y en a aucun pour dire "arrête!", alors qu'il y en a des plus gradés, des brigadiers quand l'autre y va, tape, et tape le civil, et dit même après "j'ai mal au poing".»
«Problème d’impunité»
M.Plenel a donc pointé «un problème de la chaîne de commandement»:
«Ça dit un problème d'impunité diffusée par les responsables, par les politiques. Ça fait trois ans que cette impunité est là».
Il a annoncé qu’il n’y avait eu qu’«un mot» de dit sur «les violences d’Alexandre Benalla», sur Cédric Chouviat, mort lors de son interpellation, sur Geneviève Legay, militante septuagénaire gravement blessée par une charge policière en pleine manifestation des Gilets jaunes.
Producteur noir passé à tabac
Le producteur de musique Michel Zecler a été roué de coups par trois policiers dans l’entrée de son studio du XVIIe arrondissement de Paris samedi 21 novembre.
Suite à son interpellation, il a d’abord été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet de Paris pour «violences sur personne dépositaire de l'autorité publique» et «rébellion».
Mais le parquet a finalement classé cette enquête et ouvert une nouvelle procédure pour «violences par personnes dépositaires de l'autorité publique» et «faux en écriture publique», confiée à l’IGPN.
Deux policiers ont été écroués et deux placés sous contrôle judiciaire.
Alors que la victime affirme avoir été traitée de «sale nègre» par les policiers, ces derniers nient toute insulte raciale, a relaté le 29 novembre Le Parisien, citant une source proche de l’enquête.
Tout en jugeant les actes contre Zecler d’«inqualifiables», Gérald Darmanin a déclaré qu’il «ne supporterait pas qu'on porte atteinte à l'institution de la police et de la gendarmerie».