Des députés algériens rendent la monnaie au Parlement européen en appelant à un débat sur l’accord d’association

En réponse à la résolution d’urgence votée par le Parlement européen sur la situation des droits de l’Homme en Algérie, des députés algériens ont appelé à l’organisation d’une séance extraordinaire pour débattre de l’accord longtemps décrié d’association avec l’UE, a rapporté El Bilad.
Sputnik

Des députés algériens ont lancé lundi 30 novembre une pétition au sein de l’Assemblée populaire nationale (APN) pour réclamer à son président un débat sur l’accord d’association avec l’Union européenne dans le cadre d’une session extraordinaire. Cette initiative intervient quelques jours après la résolution votée par le Parlement européen à une majorité écrasante, épinglant l’Algérie sur la question des libertés et des droits de l’Homme. La résolution a soulevé un tollé au sein de la classe politique algérienne qui a dénoncé à l’unisson une ingérence dans les affaires intérieures du pays.

Interrogé par le quotidien El Bilad, le député Nasser Hamdadouche, un des initiateurs de la pétition, a indiqué qu’il était nécessaire de procéder à «une évaluation du partenariat avec l'Union européenne et […] profiter de ce débat pour poser la question des ingérences continues du Parlement européen dans les affaires internes de l'Algérie». «Il s'agit en l'occurrence d'une "affaire d'État", il est aujourd'hui impératif d'unir le front intérieur, la souveraineté nationale est une ligne rouge qui est de la responsabilité de tous».

De son côté, le député Hadj Belghouthi a mis l’accent sur «la nécessité de revoir aujourd'hui l'accord avec l'UE qui était à notre désavantage au plan économique et politique», soulignant que la résolution «cachait mal des velléités d'ingérence  et d'attente à la dignité des Algériens».

L’Algérie «refuse toute normalisation avec l’État sioniste»

Lors d’une déclaration à la presse, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Ammar Belhimer, a également réagi en expliquant que son pays payait le prix de ses positions politiques internationales.

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«C’est parce que l’Algérie campe sur ses nobles positions en faveur des causes justes, à l’instar de celles des peuples sahraoui et palestinien, et refuse toute normalisation avec l’État sioniste, très en vogue ces derniers temps, qu’elle fait et fera l’objet d’attaques médiatiques et de critiques de la part de mercenaires de tout bord», a-t-il affirmé, selon le site d’information Tout sur l’Algérie (TSA). Et de dénoncer que «l’objectif poursuivi en Algérie est on ne peut plus clair: éloigner l’Armée nationale populaire (ANP) de son rôle historique naturel de protection de l’État-nation, seul garant de la souveraineté nationale, du progrès et de la justice sociale».

Dans le même sens, M.Belhimer a pointé le fait que cette résolution a même cru pouvoir indiquer aux Algériens «la voie à suivre: la transition politique en cours doit garantir le droit de tous les Algériens […] y compris [l]es Berbères à participer pleinement au processus démocratique et à exercer leur droit de prendre part à la direction des affaires publiques». «Avons-nous en Algérie un problème d’ordre politique et citoyen spécifique dont la revendication est portée sur "l’intégration des Berbères" dans la vie politique et la gestion des affaires publiques», s’est-il demandé, s’interrogeant sur les intentions des élus européens.

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En conclusion, le porte-parole a affirmé qu’il «était plus que certain que si l’Algérie n’avait pas manifesté une forte volonté de revoir l’accord d’association pour mettre fin à un "marché de dupe" et avait accepté d’aligner le prix de son pétrole sur celui de son gaz naturel […] et de devenir la décharge, notamment des voitures diesel européennes, devenues une menace pour l’homme européen et son environnement, de telles résolutions n’auraient jamais vu le jour […] et jamais ces pseudos parlementaires n’auraient été poussés à écrire de telles contrevérités».

Jeudi 26 novembre, le Parlement européen a voté une résolution d’urgence, appelant les autorités algériennes à «remettre immédiatement en liberté, sans conditions, [le journaliste, ndlr] Mohamed Khaled Drareni et tous ceux qui ont été détenus et inculpés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, que ce soit en ligne ou hors ligne, et à la liberté de réunion et d’association», pointant «la détérioration de la situation des droits de l’Homme en Algérie».

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