Pourquoi Macron a-t-il apporté son soutien au Président Tebboune et provoqué un tollé?

«Emmanuel Macron s’exprime ainsi car la France est dans une situation difficile au Sahel et elle a besoin du soutien et de l’appui de l’armée algérienne», a déclaré un directeur de recherche à l’Institut de prospective et de sécurité en Europe au quotidien Le Télégramme.
Sputnik

Les propos d’Emmanuel Macron tenus à l’égard du Président Abdelmadjid Tebboune en lui apportant son soutien dans son entreprise de rénovation de l’Algérie ont encore une fois raviver la polémique sur l’ingérence française dans les affaires internes de ce pays. Dimanche 29 novembre, lors d’un entretien accordé au journal français Le Télégramme, Kader A.Abderrahim, directeur de recherche à l’Institut de prospective et de sécurité en Europe (IPSE), a expliqué les raisons qui ont poussé le chef de l’État français à parler ainsi.

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Emmanuel Macron «est accusé d’ingérence parce qu’il apporte un soutien franc au Président Tebboune, présenté comme un réformateur», a expliqué l’expert, alors que, selon lui, «pour la majorité des Algériens, son élection a été marquée par une forte abstention [près de 60% du corps électoral selon les chiffres officiels, ndlr]».

La France «a besoin de soutien» au Sahel

La nouvelle Constitution algérienne adoptée le 1er novembre avait divisé la scène politique sur la réforme contenue dans les articles 30 et 95 relatifs à la question de l’envoi de troupes militaires à l’étranger. Certains y voyaient un danger d’asservissement de l’Armée nationale populaire (ANP) aux intérêts des grandes puissances impérialistes. D’autres pensaient que ce réajustement de la doctrine militaire algérienne était nécessaire en raison de l’évolution du concept de sécurité nationale à l’aune des grands bouleversements que connaît le monde actuellement, notamment dus à la crise du Covid-19.

La nouvelle Constitution autorise l’ANP, après approbation du Parlement, à participer à des opérations de maintien de la paix sous les auspices des Nations unies et à la restauration de la paix dans la région dans le cadre d’accords bilatéraux avec les pays concernés. Or, l’adoption de ce nouveau texte fondamental a été également marquée par une très forte abstention. En effet, seul 23,7% du corps électoral qui compte près de 24,5 millions d’inscrits avait participé au référendum, un cuisant revers à la présidence de la République.

Dans ce contexte, M. Abderrahim a affirmé qu’«Emmanuel Macron s’exprime ainsi car la France est dans une situation difficile au Sahel et elle a besoin du soutien et de l’appui de l’armée algérienne». «La réforme constitutionnelle voulue par Abdelmadjid Tebboune l’autorise désormais à déployer ses troupes hors des frontières», a-t-il ajouté, soutenant que «le régime algérien avait besoin à tout prix d’un soutien de poids pour pérenniser le système». «Ce qui provoque une réaction virulente des partis de l’opposition et du Hirak», a-t-il poursuivi.

Un soutien sur fond de crise économique, institutionnelle et sanitaire?

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Par ailleurs, l’expert a signalé que «l’Algérie se trouvait dans une impasse politique». «Un Président absent, en soins à l’étranger depuis un mois», a-t-il rappelé, soulignant qu’«à la crise sanitaire s’ajoute une économie asphyxiée et une tension qui s’accroît au Sahara [occidental, ndlr]». Pour Kader A.Abderrahim, «la paralysie des institutions conduit le pays à un isolement diplomatique et stratégique sur les dossiers de sécurité et les menaces à ses frontières [en Libye, au Sahel et dernièrement au Sahara occidental, ndlr]», a-t-il expliqué, ajoutant que ce contexte se greffait à «l’absence d’un nouveau projet [politique, ndlr] qui aurait permis au régime de se renouveler».

En conclusion, l’expert à l’IPSE a estimé qu’«Abdelmadjid Tebboune était dans la situation vécue par son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika [en raison de son état de santé, ndlr]», soulignant que «cette situation a pour effet de limiter considérablement le fonctionnement de l’exécutif en raison de la concentration des pouvoirs à la présidence de la République». «Il est probable qu’une nouvelle fois les discussions et les choix se font dans l’ombre», a-t-il conclu.

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