Le discours au Sénat de Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Île-de-France, au sujet de la pauvreté du département de Seine-Saint-Denis a suscité une polémique parmi certains membres de la gauche.
Abordant la question de la redistribution des richesses entre les collectivités, Mme Pécresse a souligné que bien que le Seine-Saint-Denis crée beaucoup de richesses, celles-ci «ne vont pas à ses habitants». Selon elle, le département est «singulier, avec énormément de pauvreté».
«Vous allez à Garges-lès-Gonesse, à Sarcelles, à Villiers-le-Bel… C'est là qu'a grandi l'homme qui est venu assassiner nos fonctionnaires de la préfecture de police. Je suis désolée: il y a des petites Seine-Saint-Denis dans toute l'Île-de-France. […] Il faut qu'on soit très vigilants. Cette logique de péréquation, c’est pour cela qu’on couvre toute l'Île-de-France».
Département «stigmatisé»
Cette phrase a suscité la réaction de certains membres du Parti socialiste (PS) qui y voient une «stigmatisation»: «Elle parle du 93 qui pourrait se disséminer ailleurs en Île-de-France tel… un virus, une maladie grave», s’indigne Yannick Trigance, conseiller régional PS, cité par Le Parisien.
«C'est une stigmatisation, une de plus, du département, d'autant qu'elle émane de la présidente de tous les Franciliens», lance-t-il. Enfin, M.Trigance a regretté que la Seine-Saint-Denis soit ainsi «réduite à sa pauvreté» et «au risque de créer des terroristes que cela engendre».
Pour Catherine Lime, conseillère régionale PS, Valérie Pécresse tisse un «lien direct entre pauvreté et terrorisme».
Pécresse s’explique
Interrogée à propos de cette polémique suscitée par son discours, la présidente du conseil régional affirme que «ses propos ont été totalement sortis de leur contexte par des personnes qui sont en campagne électorale et qui cherchent à les déformer», indique Le Parisien.
«Mon propos général portait sur le fait que 75% de la richesse d'Île-de-France est créée sur le périmètre métropolitain, et que la grande couronne se sent exclue de la MGP. Je disais qu'une métropole véritablement inclusive doit intégrer la grande couronne et plaidais pour une métropole régionale», explique-t-elle.
«Je voulais souligner l'existence, notamment en grande couronne, de territoires tout aussi frappés par la pauvreté et par le déficit de moyens financiers et de service public. Je crois que c'est une évidence!», conclut-elle.
Polémique sur Saclay
Une autre phrase qu’elle a prononcée devant la délégation sénatoriale n’est également pas passée inaperçue. En soulignant l’importance de l’intégration de Roissy-Charles-de-Gaulle et de Saclay, centre technologique, Mme Pécresse a indiqué:
«Mais là, vous tuez complètement les territoires. Le président de l'Essonne vous le dira: si on me prend Saclay, il ne me reste plus que les pauvres. Il me reste un million d'habitants qui n'habitent pas à Saclay mais qui sont tirés par la dynamique de Saclay».
Ce discours a été perçu comme un «mépris pour les habitants» et de «la morgue et de la bêtise» par Jérôme Guedj, ancien président (PS) du conseil départemental de l’Essonne. «J’ai honte pour eux», a-t-il martelé sur son compte Twitter.
Face à cette remarque, Valérie Pécresse estime que «Jérôme Guedj déforme totalement le sens de [son] propos» et se déclare «effondrée par la médiocrité de la polémique» qui «n’a qu’un objectif: me salir».